7 avril 2014
Quelques heures avant d’aller sous presse, le ministre des finances, M. Leitao, déposait son budget. Le RQOH considère que d’une part, le maintien de l’essentiel des budgets de développement en logements sociaux et communautaires est une bonne nouvelle et que d’autre part, le gouvernement n’a pas accordé de financement « à la mission » aux organismes sans but lucratif d’habitation (OSBL-H). C’est ce qui explique que le RQOH accorde cette note de passage. Il ne faut pas oublier que le développement de nouveaux logements sociaux dans le cadre du programme AccèsLogis représente un peu moins de 40% des coûts de réalisation réel des projets. Ainsi en annonçant une contribution de 250 millions de dollars, le gouvernement du Québec met au défi le mouvement communautaire et ses alliés de recueillir et d’investir près de 400 millions de fonds en contrepartie.
« C’est un défi de taille et nous mettrons tout en oeuvre pour y parvenir, explique la présidente du RQOH Mme Myrtha Laflamme, mais il va falloir un jour que l’État comprenne qu’il faut aussi nous aider comme organisation et comme mouvement pour réussir, année après année, à accomplir ce genre d’exploit. Et comme l’a dit M. Leitao dans son discours sur le budget : “ les familles à faible revenu ne peuvent combler leurs besoins de base alors que le prix moyen des résidences ne cesse d’augmenter. “ Il est donc évident que le logement social répond à un besoin. »
Il est aussi pertinent de rappeler que l’argent annoncé dans le budget de cette année ne se traduira en dépense réelles que dans trois ou quatre ans, le temps que les projets se concrétisent. Ainsi, bien que la décision de poursuivre le programme soit appréciée, M. Leitao n’avait pas la possibilité de réduire cette année les dépenses réelles déjà engagées par ses prédécesseurs. De plus, comme nous arrivons à la quinzième année de la phase II du programme AccèsLogis, la Société d’habitation du Québec (SHQ) termine de payer sa contribution aux hypothèques des premiers projets. Le gouvernement a donc décidé de maintenir son investissement, ce qui est un excellent choix, mais cette somme ne représente pas une charge supplémentaire dans les comptes de l’État.
Selon Stéphan Corriveau, directeur général : « L’autre chose qui manque, c’est un engagement à plus long terme, à la fois pour le développement et pour le maintien des projets d’habitation communautaire. Chaque année, c’est le même scénario, les groupes sont sur la corde raide pour savoir s’ils peuvent compter ou non sur la participation du gouvernement. Le programme AccèsLogis a fait ses preuves et mérite un engagement sur une base pluriannuelle. Du côté du maintien, la croissance du parc et l’imposition de nouvelles normes sans soutien financier supplémentaire (comme dans le dossier de la certification) compliquent les choses. Les groupes locaux qui oeuvrent uniquement dans le domaine de l’habitation ne reçoivent aucun financement pour soutenir leur vie démocratique et leur mission de base. Paradoxalement, le Programme d’aide aux organismes communautaire de la SHQ les exclut explicitement, alors qu’ils répondent à tous les critères d’admissibilité. Cela a des effets particulièrement délétères pour les OSBL-H famille. »
Myrtha Laflamme, présidente du RQOH, ajoute : « Je suis heureuse que le nouveau gouvernement ait choisi de conjuguer sa lutte au déficit avec le soutien au logement social. Rappelons qu’une étude récente de la Société d’habitation du Québec démontre que chaque dollar investi dans le logement social génère 2,3 $ dans l’économie et près de 15 000 emplois directs et indirects. Le logement social, c’est clairement bon à la fois pour l’économie et pour les gens. »