31 août 2020

31 août, Journée internationale de sensibilisation aux surdoses

Le Canada fait face à une crise des opioïdes. Le nombre de surdoses et de décès causés par les opioïdes, y compris le fentanyl, est en croissance et la pandémie de Covid-19 ne semble pas avoir freiné le phénomène. Le manque d’action des autorités en cette matière est inquiétant, certains gouvernements allant même jusqu’à mettre des bâtons dans les roues des organismes qui cherchent à juguler le phénomène et à venir en aide aux personnes affectées, comme l’imposition de moratoires sur l’ouverture de nouveaux sites de prévention des surdoses (SPS).

En cette Journée internationale de sensibilisation aux surdoses, il n’est pas inutile de rappeler qu’une formation de 10 minutes à l’administration de la naloxone peut sauver une vie. Dans plusieurs endroits au Québec, des organismes offrent des formations plus poussées de type PROFAN (Prévenir et réduire les overdoses – Former et administrer la naloxone). Ces formations sont souvent gratuites pour les personnes qui consomment des drogues ou en ont déjà consommé, ainsi que pour leurs proches ou les interventant·es de rue et les interventant·es de milieu.

Plusieurs organismes travaillant dans le domaine de la prévention des surdoses intiment les autorités de sensibiliser davantage la population – et pas seulement les toxicomanes – aux risques de surdose, afin d’en reconnaître les symptômes et d’intervenir efficacement. Des trousses de naloxone, un antidote aux surdoses d’opioïdes qui bloque temporairement les effets du fentanyl, pourraient être distribuées plus largement.

Logement

Même si cette crise frappe toutes les couches de la société et que les overdoses peuvent survenir n’importe où, le recours aux drogues, l’épidémie de surdoses au fentanyl et l’augmentation des cas de psychose n’est pas sans liens avec la crise du logement qui sévit au Québec et la hausse du nombre de personnes sans-abris. Au-delà de services de première ligne comme les SPS et les refuges, les personnes qui se retrouvent à la rue ont besoin de trouver ou de retrouver une stabilité résidentielle.

Les OSBL d’habitation offrent un milieu de vie empathique et tolérant et constituent sans doute la meilleure façon d’assurer la stabilité résidentielle des personnes socio-économiquement vulnérables. Le succès du modèle s’explique de diverses manières:

  • ils offrent des logements permanents et subventionnés;
  • ils proposent différents types d’habitation allant de la chambre avec espaces communs à des studios;
  • ils sont situés dans les centres des villes, là où les personnes itinérantes ont des services à proximité qui leur sont familiers;
  • ils présentent divers formats de soutien communautaire permettant de ne pas l’offrir aux personnes qui n’en ont pas le besoin et de proposer une supervision plus individuelle aux personnes ayant besoin de médication ou de protection contre les abus et le crime;
  • ils favorisent la participation des locataires comme membres du conseil d’administration et donc une réappropriation de leur citoyenneté.

Oui, la construction de nouveaux logements sociaux et communautaires et le renforcement des organismes existants – ainsi que la remise à un niveau adéquat du réseau de santé et de services sociaux sur l’ensemble du territoire – présentent des coûts. Cependant, à la lumière des drames qui se jouent dans nos rues, le devoir des autorités est on ne peut plus clair, et la réalisation d’un seul projet ou la consolidation d’un seul organisme qui se consacre aux personnes itinérantes peut favoriser la stabilité résidentielle de plusieurs centaines de personnes et sauver des vies.