Regard vers le futur
Depuis la fin des transferts gouvernementaux, et en dépit de la hausse du salaire minimum, la situation des ménages locataires s’est détériorée.
Comme l’indique le rapport du FRAPRU, « tous les indicateurs démontrent une augmentation du taux de pauvreté au Québec depuis 2021, notamment en raison d’une forte poussée inflationniste et de l’insuffisance des prestations sociales de derniers recours ».
En effet, le coût de la vie a bondi entre 2021 et 2022, comme en témoigne l’Indice du prix à la consommation, qui a connu sa plus forte hausse depuis 1991.
Hausse de la pauvreté
Ainsi, 439 000 personnes, soit 5,2 % de la population du Québec, vivaient sous le seuil de la pauvreté en 2021.
Le revenu annuel d’une personne prestataire de l’aide sociale se situe bien en deçà du revenu viable d’une personne seule, qui s’établit entre 27 047 $ et 37 822 $, selon l’emplacement en province.
Par ailleurs, les banques alimentaires ont connu une hausse de 9 % de la demande.
Après avoir diminué entre mars 2020 et mars 2022, le nombre de prestataires d’aide sociale a également bondi en mars 2023.
Amplification de la crise
Le contexte de rareté fait grimper le prix des logements locatifs. Les villes connaissent des taux d’inoccupation records.
De façon globale, le taux de vacance est passé de 2,2 % à 1,7 % en un an seulement, se situant bien en dessous du seuil d’équilibre de 3 %. Le loyer moyen aurait pour sa part connu une hausse de 8,9 %.
Qui plus est, le nombre de loyers abordables s’est grandement amenuisé entre 2016 et 2021. Les locataires ont fait face à ses reprises, des évictions et des augmentations abusives.
Le nombre de demandes au TAL pour reprise a d’ailleurs connu une hausse fulgurante de 28,9 % en un an seulement.
Conséquences pour les ménages
Les ménages doivent souvent faire des choix déchirants pour être en mesure de se loger et de payer leurs autres dépenses courantes.
La rareté des logements a entraîné plusieurs ménages en situation d’itinérance et en a poussé d’autres à accepter des conditions défavorables (prix trop élevé, étroitesse, insalubrité).
Effets néfastes sur les enfants
Selon un sondage mené par l’Observatoire des tout-petits, pas moins de trois familles locataires sur cinq devaient faire des choix déchirants afin d’acquitter leur loyer.
La Commission des droits de la personne estime également que le prix des logements et leur surpeuplement sont susceptibles d’entraîner des conséquences néfastes, tels les tensions familiales et même l’abus.
L’instabilité résidentielle a également des conséquences sur le développement des enfants, sépare parfois les familles, faute de toit, et pousse certaines mères monoparentales à vivre dans des logements inadaptés à leur réalité.
Femmes victimes de violence
Les Maisons d’hébergement pour femmes sont au maximum de leur capacité et doivent souvent refuser l’hospitalité aux femmes. Les séjours tendent également à se prolonger, tant trouver un logement s’avère difficile.
Les femmes se retrouvent ainsi parfois dans des logements inadéquats ou excentrés ou même en situation d’itinérance. Pire, elles retournent parfois vivre avec le conjoint violent, au péril de leur sécurité et de celle de leurs enfants.
Itinérance
Le phénomène de l’itinérance est en croissance marquée, comme en témoignent les données du dernier dénombrement. Les refuges ont d’ailleurs enregistré une augmentation du taux d’occupation de 7 % entre 2014 et 2022.
Cinq lieux montréalais d’hébergement pour femmes ont recensé 16 540 refus en 2021-2022, faute d’espace.
Recours légaux
Le FRAPRU estime que la charte des droits et la Loi protègent mal les locataires et que ceux-ci ne sont pas suffisamment informés quant aux recours qui s’offrent à eux.
La documentation gouvernementale se retrouve en ligne, et les personnes n’ont pas toujours moyen d’y accéder.
En outre, le processus de plainte au TAL est complexe et dissuade parfois les personnes moins scolarisées. En outre, si le TAL rend une décision qui leur est favorable, ils doivent eux-mêmes assurer l’application du verdict.