5 mars 2012
Bernard Campeau, directeur général. Regroupement des OSBL d’habitation et d’hébergement avec support communautaire de l’Outaouais
Ce phénomène, n’en déplaise à tous, existe bel et bien. Est-ce socialement acceptable ?
En Outaouais, région frontalière, ce phénomène est accentué avec l’accessibilité aux logements moins couteux qu’à Ottawa. Certains diront qu’il est impossible d’éliminer ce phénomène, d’autres diront que ce n’est pas de notre responsabilité. Je considère qu’il est de notre devoir de citoyen de prendre toutes les mesures nécessaires pour aider les personnes itinérantes ou à risque de le devenir.
C’est pourquoi nous devons augmenter le dialogue et instaurer un partenariat efficace entre les différentes instances et les acteurs qui œuvrent auprès de ces personnes c’est-à-dire les groupes communautaires. Sans quoi, et considérant l’écart qui s’accentue entre les riches et les pauvres, les villes se retrouveront devant un fait accompli et ne pourront pas répondre à un besoin fondamental de l’être humain : se loger ! À qui la faute ?
Je pourrais laisser nos membres vous raconter comment, jour après jour, ils doivent trouver des solutions pour aider les personnes à se trouver un logement décent. Je pourrais vous raconter comment une personne s’est retrouvée à la rue suite à un incendie et a fait des pieds et des mains pour aider ses trois enfants à s’habiller et à s’équiper pour les envoyer à l’école, car la gratuité scolaire est aussi un choix de société et une responsabilité collective. J’aimerais aussi vous raconter l’histoire d’un jeune de niveau secondaire 3 qui a décroché de l’école et qui, du jour au lendemain, faute de ressource (intervenant à la polyvalente), a quitté l’Outaouais pour aller vivre dans les rues de Montréal, loin de sa famille et de ses amis. J’ai travaillé plus de 10 ans dans le domaine de l’éducation et des histoires d’horreur, je pourrais vous en raconter des tonnes. Est-ce vraiment nécessaire ?
Heureusement, plusieurs personnes et groupes communautaires trouvent des manières pour contrer le phénomène de l’itinérance. C’est le cas, notamment, des groupes de ressources techniques (GRT). En effet, c’est à partir d’un besoin en logement que les chargés de projet élaborent les stratégies pour trouver les partenaires et travailler à réaliser leur projet d’habitation. Le 25 janvier 2012 avait lieu, à Gatineau, une pelletée de terre pour le chantier du Centre Yolande-Duval. Un projet né de la Soupe populaire de Hull et réalisé en partenariat avec le GRT du ROHSCO. Je tiens, par ce billet, à lever mon chapeau aux personnes qui ont travaillé dans l’ombre et sans qui ce projet n’aurait pas fait la une d’un quotidien. Je tiens à les remercier, car les heures qui sont investies dans la réalisation du projet dépassent, et de loin, les sommes injectées par nos gouvernements ce qui soulève, par conséquent, cette question : est-ce nécessaire de couper dans les budgets sociaux ? Enfin, je tiens à remercier les chargés de projet, ainsi que les intervenants en soutien communautaire, et m’en voudrais de ne pas faire un clin d’œil au groupe promoteur, initiateur de projet et travailleur acharné, qui, à partir d’un rêve, permettent à de futurs locataires d’avoir un endroit décent et abordable pour vivre. Après tout, l’itinérance, c’est l’affaire de tous !