L’économie sociale au service de la transition écologique

En Outaouais, un forum intitulé L’économie sociale : relever les défis de la transition, s’est tenu à la Maison du citoyen de Gatineau, le 23 novembre dernier.

Notons que Gatineau est la première ville québécoise à s’être dotée d’une politique d’économie sociale.

> « La logique économique est au cœur de la catastrophe écologique »

Béatrice Alain, directrice générale du Chantier, a rappelé qu’il existe des solutions prometteuses en économie sociale, à condition de bien cerner les besoins et d’identifier les facteurs de succès pour elle.

Pour faire advenir un Québec plus inclusif et porteur de changement économique, il faut repenser nos leviers de développement dans le sens d’une plus grande concertation.

> Lien entre économie sociale et écologie

Il existe un lien entre l’économie sociale et la transition écologique. En effet, les enjeux écologiques et sociaux sont interreliés et se renforcent mutuellement.

Le mouvement de l’économie sociale est d’ailleurs bien présent dans les secteurs qui font une différence environnementale (ex. gestion des matières résiduelles, construction, textile, matériel informatique, etc.).

Enracinées sur leur territoire, les entreprises d’économie sociale sont plus conscientes de leurs activités sur l’environnement. La question des milieux de vie de qualité est centrale pour elles. La transition chemine grâce à la mobilisation, au dialogue et à la co-construction d’outils.

Elles proposent des façons de faire innovantes et présentent des modèles d’affaires plus résilients et plus performants pour leur région.

Leur mode de développement intègre des principes de gouvernance démocratique et tient compte des gains économiques, sociaux et environnementaux.

Les entreprises d’économie sociale favorisent le dialogue et renforcent notre résilience. Cela améliore notre capacité d’innovation, particulièrement en temps de crise.

> Un chantier aussi important qu’urgent

Le directeur du CREDDO, Benoit Delage, a soulevé les enjeux d’énergie et de collaboration. Il estime que les services d’Hydro-Québec sont pris pour acquis, mais ne suffiront pas à renverser la vapeur. Pour opérer la transition, il faut valoriser l’emploi des technologies vertes et réduire l’utilisation des véhicules, qui sont stationnés 95 % du temps.

Selon Guy Chiasson, directeur scientifique de l’Observatoire du développement de l’Outaouais (ODO), l’apport de l’économie sociale est incontournable pour remédier à la crise du logement. Cette crise ne touche pas seulement les particuliers. Elle affecte aussi les organismes et les entreprises d’économie sociale.

Ainsi, il faut construire intelligemment et réfléchir aux services offerts. Les déserts alimentaires soulèvent notamment des enjeux de santé et de proximité.

Rejoignant les propos du directeur du CREDDO, M. Chiasson a soutenu qu’il faut intégrer la mobilité durable dans la transition.

Marie-Pier Garneau, de la firme Convergence, a pour sa part indiqué que l’économie sociale est une façon de travailler. Il y a cependant une méconnaissance du modèle et de ses retombées. Il faut donc mieux éduquer et sensibiliser afin d’investir ce modèle porteur de changement et d’amélioration.

Or, le manque d’uniformité dans les MRC est problématique et la collaboration est parfois ardue. Les administrations fonctionnent différemment et il est difficile de créer des projets structurants, notamment en matière de logement.

Le monde municipal ne connaît pas bien l’économie sociale. L’Outaouais dresse un portait des communautés et a réalisé une étude postpandémique, ce qui aide à dégager une image claire de la situation.

> Vers la transition

La transition implique un changement en profondeur et nous faisons face à de la résistance. Il y a des sacrifices à effectuer et les gens ont parfois de la difficulté à combler leurs besoins de base, ce qui ne facilite pas toujours les choix écologiques.

La vigueur de l’économie sociale en Outaouais, avec pas moins de 437 entreprises d’ÉS, pourrait permettre de prendre ce train-là.

Qu’en est-il dans vos régions ?

> Changer notre façon de vivre ensemble

Les principes directeurs de l’économie sociale favorisent le sentiment d’appartenance et de sécurité et la création de liens nourrissant le vivre ensemble. Les participants étaient d’ailleurs invités à partager avec leurs pairs les actions concrètes favorisant ces principes au sein de leurs organisations respectives.

En définitive, l’innovation sociale et les changements nécessitent beaucoup de travail et le financement fait parfois défaut. Pour réussir la transition vers une économie plus verte et plus solidaire, ça prend un cadre réglementaire, mais surtout du courage politique et de la volonté citoyenne.