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25 juin 2024

Favoriser la communication neuromixte en milieu de travail

Le mercredi 12 juin dernier, avait lieu le lancement du guide Favoriser la communication neuromixte en milieu de travail. Celui-ci vise à sensibiliser et à outiller les personnes allistes (non autistes) face à la réalité des personnes autistes en contexte professionnel. 

Le document de 44 pages émane d’un partenariat entre le Centre de recherche pour l’inclusion des personnes en situation de handicap (CRISPESH) et les chercheuses Marjorie Désormeaux-Moreau (Université de Sherbrooke) et Isabelle Courcy (Université de Montréal).  

La production du guide a été rendue possible grâce à une subvention du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, l’appel de projets a été piloté par SPHERE (Soutien à la Personne Handicapée En Route vers l’Emploi). 

Approche de co-construction 

Le processus de rédaction a impliqué l’exploration de la quarantaine de guides existants et l’analyse des thèmes récurrents. L’objectif était de bien cibler des pratiques pertinentes en vue de l’exploration avec les personnes autistes, en amont de la rédaction. Le processus de validation était pour sa part assuré par des personnes allistes.  

Sept (7) membres citoyens autistes présentant des expériences diversifiées, ont contribué à l’idéation et à l’élaboration du guide. Six (6) personnes allistes ont, quant à elles, veillé à la validation, dans l’objectif de le rendre clair et compréhensible pour le public cible (les allistes). La démarche s’est ainsi déroulée de façon participative. 

Le guide  

Le guide aborde notamment la communication réflexive, afin de faciliter la communication neuromixte.  

Les chercheuses précisent qu’il ne s’agit pas d’une solution clé en main. Le guide vise plutôt à éviter les simplifications excessives et à sensibiliser les employeurs et employés face à la réalité des personnes autistes.  

Une participante sondée dans le cadre de l’élaboration du document rappelait que tout le processus s’inscrivait dans le respect, l’inclusivité et l’écoute active. En effet, plusieurs formules étaient proposées et tout le monde pouvait trouver son espace à travers le processus et les rétroactions. 

Les différentes formes de communication étaient acceptées, dans un principe d’autodétermination et de neuroinclusion. Un processus porteur d’estime personnelle et d’espoir pour certains. Une formule gagnante, en définitive ! 

Bien que le guide s’adresse aux personnes allistes, les définitions sont accessibles à tou·tes. Il comprend des exemples parlants, vivants et humains. Il propose également des pistes de réflexion en lien avec les principes illustrés, de même que des mises en situation.  

Présentation d’enjeux par des personnes touchées 

Une autre des participantes autistes ayant contribué à la démarche a exprimé que les minorités doivent s’adapter à la majorité, ce qui peut entraîner un sentiment d’infériorité. 

Les personnes autistes ne comprennent pas toujours les formes de communication non verbale.   

Pour cette participante, il est notamment difficile de regarder les gens dans les yeux, ce qui l’a parfois forcée à dévoiler son diagnostic à un employeur en contexte d’entrevue. Elle préfère également éviter les surprises. Aussi, la prévisibilité peut la stabiliser. 

Les personnes autistes subissent souvent des micro-agressions de la part des groupes majoritaires, qui n’en ont parfois pas conscience. Il importe ainsi de sensibiliser les employeurs et les collègues. Il ne devrait pas incomber aux personnes autistes d’expliquer leur différence.

D’autre part, certaines personnes autistes vivent parfois de la discrimination positive. On leur attribue des qualités supérieures, ce qui ne s’inscrit pas dans une optique inclusive. Cela peut engendrer une pression énorme ou du stress de performance. 

Certains employeurs font, pour leur part, des efforts symboliques afin de jouir d’une bonne réputation. Cependant, il s’agit d’une fausse confiance éthique. Les efforts collectifs doivent être continus dans le temps.  

La communication neuromixte est importante et le guide démontre la responsabilité collective d’inclusivité. 

Une participante, lors du lancement

Il ne faut ainsi pas discriminer ni invalider le vécu des individus. Le besoin de s’autoréguler existe également chez les personnes autistes.

Rayonnement et sensibilisation 

Afin de faire rayonner le guide, certains modules de formation sont envisagés. Selon la directrice du CRISPESH, il serait toutefois pertinent, pour les organismes interpellés, de créer un comité et de rendre le guide accessible à tous. Cela aurait pour effet de dissiper l’opacité entourant l’autisme.  

La chercheuse Marjorie Désormeaux-Moreau était claire à l’effet que la connaissance du diagnostic d’une personne autiste n’améliore aucunement la collaboration et la communication avec cette dernière.  

Il importe ainsi de porter le fruit de ces recherches et d’être sensible aux biais et aux préjugés, afin de créer un environnement de travail respectueux. 

 

Source : 

https://crispesh.ca/actualites/lancement-dun-guide-pour-faciliter-la-communication-neuromixte/  

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