22 août 2018
La campagne électorale, déclenchée officiellement ce 23 août, verra les partis politiques prendre des engagements sur une foule d’enjeux socioéconomiques. Comme il le fait avec tous les autres principaux partis, le RQOH s’est enquis des positions de Québec Solidaire (QS) sur les questions de logement.
Chez QS, l’engagement qui marque le plus l’imaginaire est sans doute celui de réaliser 50 000 logements sociaux en quatre ans dans le cadre d’un programme AccèsLogis bonifié. En tenant compte du fait que seuls 2500 nouveaux logements se sont matérialisés durant les deux dernières années du règne libéral, il y a dans cet objectif souhaitable rien de moins qu’un changement de paradigme qui nécessiterait, pour se réaliser, la mobilisation et la coordination de ressources inouïes.
Deux autres points méritent l’attention. Il est d’abord remarquable qu’un gouvernement du Québec solidaire inscrirait le droit au logement dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Le gouvernement fédéral a pris un engagement similaire il y a bientôt deux ans et il ne s’est pas encore matérialisé.
Ensuite, c’est sans surprise que Québec solidaire propose une forte augmentation de la « propriété collective, associative, publique et parapublique » de logements et de « [lutter] contre la spéculation immobilière et foncière ». Au niveau du comment, il apparaît que QS veut mettre sur pied une Agence de propriété foncière communautaire, laquelle aurait pour mandat de faciliter et de coordonner les actions de fiducies foncières communautaires, locales ou régionales – un écho aux « réserves de terrains et de bâtiments » pour la construction de logements sociaux, une revendication historique du mouvement pour le droit au logement. On donnerait à ces fiducies « le rôle de recevoir en don ou d’acquérir des terres, terrains ou immeubles et d’administrer les logements […] ».
Québec solidaire propose l’instauration de ce que l’on pourrait appeler une approche systémique en trois plans : une Politique nationale du logement pour favoriser l’accès à un logement pour tous et toutes ; un Code national du logement pour assurer la salubrité du parc locatif ; et un Registre national des loyers pour assurer la transparence et la probité dans l’établissement du prix du loyer.
D’autres politiques pourraient avoir un impact favorable à l’habitation communautaire et sociale, notamment l’engagement d’améliorer « les pratiques d’entretien et de rénovation des logements sociaux » et de mettre en place « des programmes de soutien à la rénovation » conformes au Code national du logement évoqué.
Questionnée au sujet de ses intentions quant au financement du soutien communautaire en logement social, indispensable pour accompagner les personnes en difficulté, notamment les personnes en situation d’itinérance, la direction de QS confond visiblement « soutien communautaire en logement social » et « action communautaire autonome » et promet une hausse significative du financement de cette dernière. Le RQOH et ses fédérations sont bien entendu favorables à cette mesure – qu’ils revendiquent d’ailleurs –, mais ils invitent QS à se mettre au fait de ce qu’est le soutien communautaire et l’importance du financement adéquat de celui-ci. Nous estimons que l’accompagnement communautaire pour assurer la participation des locataires et l’harmonie sociale dans les projets nécessite un financement minimum de 30 M$ par année pour combattre efficacement la précarité chez les personnes en difficulté.
Les efforts des fédérations régionales d’OSBL d’habitation et du RQOH pour obtenir des réponses et des engagements sur ces questions s’inscrivent dans le cadre de la campagne Je choisis le logement communautaire. Celle-ci mobilise les groupes locaux et les fédérations dans une vaste opération qui vise entre autres à rencontrer les candidats et les candidates des principaux partis avant la tenue des élections le 1er octobre. Ces rencontres ont pour but de sensibiliser les aspirants à la députation aux questions relatives au logement, à l’itinérance et à l’habitation sans but lucratif.