Le logement est sans doute l’enjeu le plus injustement traité des campagnes électorales. Le niveau d’importance de l’habitation dans la vie de tout être humain est sans commune mesure avec l’attention que les partis politiques et les médias accordent à cette question. « Le droit au logement est le droit de tous les droits » entend-on parfois dire, car sans toit pour nous protéger, à quoi bon toutes les promesses dont on nous abreuve ?
Et pourtant, en dépit de cet apparent délaissement, la question a surgi. Interpellé inopinément le 7 septembre alors qu’il descendait de son autobus de campagne, Philippe Couillard a bel et bien promis de financer « un minimum de 3000 logements sociaux par année ». Questionné par une reporter du journal Métro le 18 septembre, François Legault a promis de « rattraper le retard pris par les libéraux et donc de sortir les 14 000 unités [de logement] déjà inscrites dans les budgets ». Dans le rapport de sa tournée « Solidarité en action », le Parti québécois a réaffirmé son engagement à réaliser au moins 3000 nouveaux logements sociaux annuellement. À sa sortie d’une rencontre avec la mairesse de Montréal le 24 septembre, Manon Massé a promis qu’elle « quadruplerait les investissements pour les logements sociaux en allouant [la somme de] 1,8 milliard en habitation à Montréal ».
Deux démarches en particulier doivent être créditées pour avoir braqué, même modérément, les projecteurs sur l’habitation. Il y a la marche De villes en villages pour le droit au logement qui, du 2 au 29 septembre, aura parcouru plus de 500 km. Le RQOH s’est fièrement associé à cette courageuse initiative et, de l’Outaouais à la Capitale-Nationale en passant par Laval, Montréal, la Montérégie et la Mauricie, nombreux ont été les OSBL d’habitation et les fédérations régionales qui les représentent à appuyer et à accueillir les marcheuses et marcheurs.
Ce sont ces mêmes groupes locaux, soutenus encore par les fédérations d’OSBL d’habitation, qui ont été au cœur de la deuxième démarche, celle de l’opération « Je choisis le logement communautaire », lancée dès avril par le RQOH, et visant à rencontrer les candidats et les candidates des principaux partis. Lors de ces rencontres, un portrait précis du logement communautaire du comté et un aperçu de la situation du logement au Québec ont été transmis aux personnes briguant les suffrages.
Partout au Québec, ce sont des dizaines de candidates et de candidats qui ont été interpelé.es ou sensibilisé.es à la dure situation que vivent près d’un demi-million de ménages mal logés. Certain.es ont participé à des débats publics, comme à Québec, à Saint-André de Kamouraska et à Montréal, d’autres ont été rencontré.es dans des réunions au cours desquelles ont pu être abordés les problèmes particuliers à chaque situation locale.
Dans Bellechasse, dans Groulx, dans Chicoutimi, dans Matane-Matapédia, dans Maskinongé, dans Châteauguay et Sherbrooke, pour n’en nommer qu’une poignée, ces rencontres ont été l’occasion d’exprimer à bon nombre de futur.es élu.es les besoins de la population, leur présenter les particularités du secteur du logement communautaire et de leur démontrer l’enracinement des OSBL d’habitation dans le tissu social et économique de leur circonscription et les impacts positifs de leur activité sur celui-ci.
Le RQOH, qui a suivi de près l’évolution des engagements électoraux des partis politiques sur la question pour en faire part sur toutes ses plateformes, n’a évidemment aucune consigne de vote à donner. Nous invitons les personnes impliquées dans le droit au logement, dans la lutte à l’itinérance ou qui œuvrent à procurer aux personnes vulnérables un logement digne et abordable à se renseigner et à prendre une décision éclairée.
Peu importe le résultat ou le degré de sensibilité à ces questions dont aura fait montre le parti vainqueur, le RQOH continuera la démarche qui est la sienne, celle qui consiste à plaider énergiquement la cause du droit au logement, à désapprouver l’inaction ou l’incompétence lorsqu’elle se manifeste et à alimenter le débat par des propositions novatrices et pragmatiques.