14 novembre 2018

Le droit des Premières Nations à un logement digne encore dans les limbes

Il y a bientôt un an, le 22 novembre 2017, le gouvernement du Canada rendait publique sa Stratégie sur le logement. Au chapitre de l’habitation pour les Premières Nations et les Inuits, sur réserve et hors réserve, il se contentait d’annoncer « des négociations à venir ». À un an des prochaines élections à Ottawa, rien ne laisse présager d’avancées décisives. La réalisation du droit au logement pour toutes les communautés autochtones exige pourtant une intervention urgente et déterminée.

Lors de son assemblée générale d’avril 2018, l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (ACHRU), dont fait partie le RQOH, adoptait une résolution en faveur d’une stratégie sur le logement autochtone. « Une stratégie de logement autochtone solide, indique la résolution, doit reconnaître le besoin croissant de logements adéquats et culturellement adaptés pour les peuples autochtones en milieux rural, urbain, métropolitain et nordique tout en concevant l’habitation comme une part essentielle de la réconciliation. »

« L’habitation, poursuit la déclaration, constitue la fondation sur laquelle reposent des communautés autochtones dynamiques et elle demeure une condition essentielle au bien-être physique et mental, à l’éducation, au développement de la petite enfance et à l’emploi. »

Nous reproduisons ici l’intégralité de la résolution adoptée par l’ACHRU. Notons que l’ACHRU possède un Caucus autochtone rassemblant des organisations membres de l’ACHRU dirigées par, ou au service de personnes autochtones. Elles travaillent ensemble à améliorer le logement des membres des premières nations, des métis et des peuples inuits, qu’ils vivent en milieux urbain ou rural, dans le Nord, sur ou hors réserve. Le Caucus autochtone propose des projets de recherche, explore diverses facettes des problèmes de logement et d’itinérance qui touchent les peuples autochtones et fournit une expertise et une compréhension du logement autochtone, y compris le soutien des locataires, les activités de construction, les questions culturelles et l’itinérance.

LA DÉCLARATION

ATTENDU QUE

 La colonisation et des systèmes sociaux, économiques, légaux et constitutionnellement discriminatoires ont entraîné des conditions de logement désavantageuses pour les peuples autochtones, et ce, partout au Canada;

L’amélioration des conditions d’habitation permettrait enfin d’appuyer concrètement et significativement l’évolution de la société canadienne dans la voie de la réconciliation avec les peuples autochtones;

Le seul résultat acceptable de la Stratégie nationale sur le logement pour les peuples autochtones est de leur donner accès aux mêmes conditions de logement que celles de la population canadienne;

Corriger les conséquences d’une discrimination historique nécessite un engagement spécifique, un financement stable et des ressources appropriées;

Nous appuyons les objectifs du gouvernement canadien en codéveloppant des stratégies de logements autochtones distinctes basées sur les principes de l’autodétermination, la réconciliation, le respect et la coopération;

Plus de 70 % de l’ensemble de la population autochtone vit dans des zones urbaines et que les communautés autochtones forment une partie disproportionnée de la population canadienne sans-abri;

Les membres des communautés autochtones qui vivent dans les milieux métropolitains, urbains, ruraux et nordiques rencontrent des défis spécifiques dans l’accès à des logements abordables et culturellement appropriés;

Les gestionnaires de logements pour les Autochtones en milieux métropolitain, urbain, rural et nordique ont développé des habiletés, des compétences culturelles et une gestion qui leur permettent de mieux refléter et prendre en compte la réalité de la population autochtone urbaine;

Le gouvernement canadien s’est engagé à mettre en place, dans son intégralité, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, incluant l’article 23 qui stipule que : « Les peuples autochtones ont le droit de définir et d’élaborer des priorités et des stratégies en vue d’exercer leur droit au développement. En particulier, ils ont le droit d’être activement associés à l’élaboration et à la définition des programmes de santé, de logement et d’autres programmes économiques et sociaux les concernant, et, autant que possible, de les administrer par l’intermédiaire de leurs propres institutions. »

Le budget fédéral comprend un engagement de 225 millions de dollars à investir dans les 11 prochaines années pour offrir un appui financier aux gestionnaires de logements pour les personnes autochtones qui ne vivent pas dans les réserves, et, constatant que cet effort, même important, ne sera pas suffisant pour atteindre des conditions équivalentes de logement pour les personnes autochtones ne vivant pas dans les réserves;

 LES SIGNATAIRES DE CETTE DÉCLARATION ONT RÉSOLU  :

  1. De faire campagne, pour que les Canadiens en général et leur gouvernement en particulier reconnaissent que le seul résultat acceptable de la Stratégie nationale du logement en ce qui concerne les peuples autochtones est de hausser leur qualité de logement à celle des autres Canadiens d’ici dix ans ;
  2. De revendiquer auprès du gouvernement canadien les ressources nécessaires pour atteindre cet objectif ;
  3. D’exiger du gouvernement canadien le développement d’une Stratégie sur le logement autochtone qui reconnaît, respecte et règle les besoins en logement des ménages de la communauté vivant en milieux urbain, rural et nordique au Canada.