27 juin 2019
C’était prévisible. Avec un taux d’inoccupation moyen se situant à 2,3 % pour l’ensemble du Québec (une chute de 1,9 point de pourcentage en seulement deux ans) et un prix moyen (hors inflation) des loyers ayant augmenté de 9 % depuis 2000 et une volonté politique en berne à tous les niveaux de gouvernements, des centaines de ménages se trouvent dans une situation précaire, voire catastrophique, à la veille de cette « journée nationale des déménagements ».
Dans une « fiche socioéconomique » publiée cette semaine, Philippe Hurteau de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) dénombre quatre facteurs expliquant l’installation permanente de la crise du logement : « 1) des objectifs de construction de logements sociaux qui sont non seulement trop faibles, mais accusent d’importants retards ; 2) l’absence de mesures contraignantes pour amener les promoteurs à diversifier l’offre d’habitation qu’ils mettent en chantier ; 3) la multiplication des locations commerciales de type Airbnb qui retire du marché des logements pour les locataires ; et 4) l’augmentation de la demande de logement, notamment en raison de la croissance démographique.
Le portrait peut varier de ville en ville. Comme nous l’avons rapporté à plusieurs reprises depuis un an, les avertissements n’ont pas manqué. À titre d’exemple, François Roy, de Logemen’Occupe à Gatineau, a pris plusieurs tribunes pour sonner l’alarme quant à la pénurie de logements sociaux et à la crise du logement qui sévit en Outaouais, où le taux d’inoccupation est de 1,2 %. « En Outaouais, à Gatineau particulièrement, écrivait-il, on vit actuellement une grave crise du logement. C’est quasiment impossible de trouver un toit pour les familles nombreuses et c’est encore plus compliqué quand elles sont à faible revenu. »
Confrontée à la possibilité de voir des centaines de ménages se trouver à la rue à un moment où la rareté des nouvelles décuple l’attention médiatique, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Mme Andrée Laforest, a annoncé la réactivation du Programme d’aide d’urgence 2005 aux ménages sans logis et aux municipalités connaissant une pénurie de logements locatifs pour des raisons exceptionnelles.
Les mesures mises en place sont les suivantes :
Bien entendu, au-delà de l’effet « diachylon » à court terme, aucune de ces mesures ne jugulera la pénurie ni ne saurait poser les bases de la réalisation du droit au logement pour les centaines de milliers de personnes vulnérables au Québec. Pour cela, il faudra attendre une vraie volonté politique : la fin des mesures d’austérité budgétaires dans l’ensemble des domaines touchant à la sécurité du revenu, de la santé et des services sociaux ; la relance de la construction de logements sociaux ; un encadrement plus serré, voire une interdiction totale, de la sous-location des logements locatifs par l’entremise des applications du type Airbnb ; un véritable contrôle des loyers par une Régie du logement aux pouvoirs étendus ; la mise en place de réserves foncières, etc.
Dans l’immédiat cependant, les fédérations régionales d’OSBL d’habitation et leurs membres, et à vrai dire l’ensemble du secteur de l’habitation communautaire sont encore et toujours au service des personnes des familles à faible revenu qui sont à la recherche d’un logement convenable, abordable et sécuritaire.