14 septembre 2015
Au cours des dernières années, la sécurité des aînés a pris une place de plus en plus grande dans le débat public. Des cas de mauvais traitements survenus dans des résidences privées ont notamment incité le gouvernement québécois à établir des normes de certification obligatoires. Plus récemment, l’incendie survenu en janvier 2014 dans une résidence privée de L’Isle-Verte qui a fait 32 victimes a amené le gouvernement québécois à imposer l’installation de systèmes de gicleurs dans la totalité des résidences pour aînés certifiées.
Au départ, l’adoption d’un règlement sur la certification des résidences pour aînés a été reçue de manière positive par la plupart des intervenants concernés. Toutefois, les modifications apportées en 2013 ont suscité un torrent de critiques de la part des OSBL d’habitation qui offrent du logement à une clientèle aînée, parce qu’elles ne tiennent pas compte de leur réalité ni du droit à l’autonomie des personnes qui y logent.
Parmi elles, l’obligation d’assurer la présence de préposés salariés 24 heures sur 24 sans égards aux besoins des locataires leur impose un fardeau impossible à porter – pour une habitation d’une vingtaine de logements, cela se serait traduit par une hausse de loyer de 600 $ par mois ! C’est pourquoi bon nombre d’OSBL d’habitation pour aînés ont été contraints de modifier leur offre de services pour se retirer de la certification.
À bon droit, les OSBL d’habitation peuvent s’enorgueillir de leur bilan en matière de sécurité. Bien avant que le gouvernement ait même songé à imposer des normes de certification, ils ont été des précurseurs à cet égard. Leur caractère communautaire permet aux locataires de se prendre en charge en collaboration avec les ressources du milieu et favorise un environnement sécurisant propice à leur mieux-être, tant dans les activités de la vie quotidienne qu’en situation d’urgence.
Tout en poursuivant ses représentations pour convaincre le ministère de la Santé et des Services sociaux, celui de la Sécurité publique et les autres intervenants concernés d’adopter de nouvelles normes de certification adaptées à la réalité des habitations sans but lucratif (voir l’article page précédente), le Réseau québécois des OSBL d’habitation encourage le partage et la mise en place volontaire des meilleures pratiques que les gestionnaires, administrateurs et locataires ont su mettre en place au fil du temps. Ces pratiques font appel à l’engagement et la solidarité des locataires et de leurs voisins immédiats pour offrir une aide et un soutien continu à ceux qui éprouvent un besoin ou un autre.
Une des pratiques les plus courantes et efficaces, c’est la mise en place d’un système de surveillants bénévoles, choisis parmi les locataires ou les membres du voisinage. Situées dans le quartier Rosemont à Montréal, les Habitations Nouvelles Avenues ont mis en place un système comme celui-là. La directrice générale, Carole Lafrance, explique comment cela fonctionne : « Nos locataires bénévoles sont appelés à intervenir si un quelconque problème survient en dehors des heures de bureau. Leur horaire est établi par rotation de manière à s’assurer que l’un d’eux soit toujours disponible. Durant la journée, les locataires s’adressent aux membres du personnel en cas de besoin; en tout autre temps, ils peuvent joindre le surveillant de fonction en composant un numéro de téléphone unique, les bénévoles partagent le même appareil cellulaire. » Madame Lafrance précise que ce système est en place depuis une quinzaine d’années et qu’il s’avère à la fois efficace et apprécié.
Des organismes qui ont établi ce genre de système offrent aussi à leurs bénévoles de suivre des formations de base en secourisme général et réanimation cardiorespiratoire. Ces bénévoles viennent en aide aux résidents en cas de problème mineur. Dès que la situation le requiert, ils ont évidemment recours aux services d’urgence compétents et facilitent leur intervention.
D’autres mécanismes sont parfois utilisés dans les OSBL pour aînés, de façon complémentaire ou non au système des surveillants bénévoles : rondes quotidiennes de vérification au moyen d’accroche-portes, jumelage entre locataires, ententes de coopération avec des organismes ou ressources du voisinage, etc. Le document intitulé Une sécurité sur mesure dans les OSBL d’habitation pour aînés, disponible sur le site web du RQOH, présente un aperçu des mécanismes actuellement en place dans les résidences communautaires.
Fait à noter, les locataires sont appelés à participer à l’élaboration et l’implantation des mesures de sécurité communautaires. De cette façon, on respecte leur autonomie et on s’assure qu’ils sont bien informés et qu’ils y auront recours le moment venu.
Il est plus que temps que les autorités responsables reconnaissent la spécificité des résidences pour aînés de type communautaire et l’expertise qu’elles ont su développer au fil des ans.