10 mars 2020
Myrtha Laflamme, qui a été une des chevilles ouvrières du RQOH depuis sa fondation il y a 20 ans, s’est vue nommée « Patriote de l’année » par la Société nationale des Québécoises et Québécois (SNQ) du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Pour le RQOH qui célèbre cette année son 20e anniversaire, cette reconnaissance arrive à point nommé. Myrtha Laflamme est l’une de celles qui ont milité pour que l’Association nationale des OSBL pour personnes âgées (ANOPA) se joigne au RQOH lors de sa fondation. Sans elle, il n’est pas exagéré de dire que le RQOH tel que nous le connaissons n’aurait peut-être pas vu le jour.
À l’occasion de la remise du prix, Le Quotidien de Saguenay lui a dédié un bel article :
https://www.lequotidien.com/chroniques/roger-blackburn/myrtha-laflamme-patriote-au-feminin-e217dc77ecd4b24b0d832edc926c433c
Cette patriote au féminin est Myrtha Laflamme, de Jonquière, qui a, entre autres, cofondé La Maison d’un Nouvel Élan pour les personnes âgées, en plus d’en assumer la direction générale pendant 25 ans. « Très jeune, à l’université, Myrtha Laflamme nourrissait l’ambition de faire le bien, elle chérissait ça », confie Magella Archibald, responsable du comité organisateur du Patriote de l’année.
« C’est une femme engagée socialement envers sa patrie et son pays, qui est le Québec. Une patriote, c’est l’antithèse de l’égoïsme, et Myrtha Laflamme porte fièrement cette générosité », fait valoir Pierre Forest, président du SNQ.
Améliorer la vie des autres
J’ai rencontré Myrtha Laflamme dans l’intimité de sa résidence privée à Jonquière. Cette femme a un parcours de vie de batailleuse. Elle a su rassembler les gens autour d’elle pour aider les autres.
« C’est avec beaucoup d’humilité que j’ai accepté le titre de Patriote de l’année. C’est la première fois qu’il est attribué à une femme. C’est un bel honneur », avoue celle qui a consacré sa carrière à améliorer les conditions de vie des gens.
« Dès mon plus jeune âge, je me suis impliquée pour aider ma communauté, ça fait partie de moi depuis ma tendre enfance », dit-elle. Au début des années 1980, elle militait dans l’Association regroupant les femmes en emploi non traditionnel (A.R.F.E.N.T.), qui a donné naissance à Accès travail femmes. « Pratiquer un métier non traditionnel pour les femmes à cette époque, ce n’était pas seulement faire un travail d’homme dans un milieu d’hommes, ça voulait aussi dire s’adapter à tout l’environnement de travail. Il n’y avait pas de toilette pour les femmes, il fallait s’adapter », rappelle-t-elle.
Elle a fait partie des premières intervenantes pour favoriser l’intégration des personnes handicapées en participant au premier projet de désinstitutionnalisation en 1979. « Nous avons aidé des personnes quadriplégiques et des tétraplégiques à sortir de ces institutions pour leur offrir un meilleur milieu de vie. Ces gens avaient plein de potentiel, il fallait les aider », se souvient la militante, l’aidante naturelle de la communauté.
Dédiée aux personnes âgées
« Très tôt après la fin de mes études en travail social, je voulais faire de quoi pour les personnes âgées, leur donner accès à un logis et des services. Les efforts de chacun font que la vie va être belle, il faut y mettre du sien, le bonheur vous appartient », philosophe celle qui a toujours cru en l’être humain.
Myrtha Laflamme s’est rapidement rendu compte en cours de route que seul, on ne peut pas aller très loin, et que la force du groupe se rend plus facilement à la porte d’un ministre du gouvernement. « Un OSBL d‘habitation seul dans son coin au bout de la ville, ça n’a pas beaucoup d’impact. Mais quand 37 000 unités de logement au Québec décident de s’unir, c’est plus facile d’élaborer et de mettre sur pied un programme de soutien communautaire en logement social », fait valoir la battante qui a été de tous ces combats.
La plus grande force de Myrtha Laflamme a été d’avoir le don de mobiliser les gens. « Je n’ai pas de difficulté à convaincre et à monter des équipes qui travaillent ensemble pour une même cause. Quand je voulais faire avancer un dossier, je réunissais mes grands-mamans dans le centre d’hébergement et je leur demandais de me faire part de leurs idées et je partais avec ça pour convaincre un ministre d’investir pour améliorer les milieux de vie des personnes âgées », raconte la femme d’action.
Féministe, souverainiste, régionaliste et revendicatrice, Myrtha Laflamme a créé un milieu de vie à La Maison d’un Nouvel Élan pour les personnes âgées. « J’ai toujours cherché des moyens pour bien payer les employés et créer un environnement intéressant pour les résidents. Ce ne sont pas toutes des personnes malades qui habitent dans les résidences pour personnes âgées. Les bingos, le baseball poche et les parties de cartes, c’est bien beau, mais les personnes âgées ont le goût de plus de choses », fait savoir celle qui a pris sa retraite il y a quatre ans.
Des revendications à venir
« Les gens âgés s’intéressent à l’environnement. Quand on leur explique, ils sont les premiers à vouloir faire du recyclage ou du compost. Ils s’intéressent aux nouvelles technologies et veulent faire partie de la collectivité. Les changements climatiques, ce n’est pas seulement l’affaire des jeunes », constate l’intervenante sociale.
« Les responsables des gouvernements vont devoir apprendre à faire de la gestion participative dans les années à venir. Quand les baby-boomers vont faire leur entrée dans les résidences pour personnes âgées, dans une quinzaine d’années, on va avoir affaire à une génération plus éduquée qui va revendiquer davantage de services. Cette génération ne se contentera pas d’un bain par semaine et elle va probablement exiger du filet mignon dans son assiette », soutient celle qui connaît bien les enjeux du vieillissement.
En terminant, la patriote de l’année suggère aux gens de protéger leurs relations pour ne pas vieillir seuls. « Il faut s’investir pour maintenir nos amitiés et rester proches des membres de notre famille. Comme les familles sont moins nombreuses qu’avant, les amis et la socialisation entre les gens vont devenir très importants », estime celle qui croit à l’importance de créer un milieu de vie au lieu de bâtisses de fin de vie.
Soirée reconnaissance
C’est sous la présidence d’honneur de la mairesse de Saguenay, Josée Néron, que se déroulera la soirée reconnaissance de la patriote de l’année le 15 mai à la salle Le Calypso de Jonquière. C’est la directrice générale du Mouvement national des Québécois, Martine Desjardins, qui remettra le titre de patriote à Myrtha Laflamme.
Pour une première fois au Québec, l’organisme remettra également les titres de Patriotes de la relève à trois jeunes qui sont Laurence Fortin, du Cégep de Chicoutimi, Megane Filion-Tremblay, du Cégep de Jonquière, et Kevin Desgagné, de l’UQAC ; des jeunes qui font déjà la différence dans leur milieu. La soirée sera animée par Marie-Karlynn Laflamme, directrice du bureau des affaires publiques de l’UQAC et aussi la nièce de la Patriote de l’année.