On s’inquiète avec raison des difficultés que poseront d’éventuelles éclosions de la COVID-19 dans des communautés autochtones éloignées, notamment celles qui sont difficilement accessibles et qui possèdent peu ou pas d’infrastructures sanitaires. Le logement, qui était déjà une grave préoccupation dans de nombreuses communautés autochtones, devient un facteur aggravant, car le confinement et les mesures de distanciation physique peuvent être difficiles à appliquer dans des habitations souvent surpeuplées.
Le gouvernement fédéral a bien annoncé la création d’un Fonds de soutien aux communautés autochtones (détails ici) pour aider « les communautés autochtones à prévenir la maladie à coronavirus 2019, à s’y préparer et à y répondre ». Selon l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (ACHRU), des fonds « seront distribués aux organisations autochtones régionales et urbaines qui soutiennent leurs membres vivant loin de leur communauté, et pour les organisations régionales telles que les centres d’amitié ».
Lors qu’il s’adresse aux Autochtones qui vivent à l’extérieur de leurs communautés, le gouvernement du Québec, sur sa page Coronavirus (COVID-19) – Informations pour les communautés autochtones, renvoie les internautes vers leur centre d’amitié autochtone local.
Mais, comme le rapporte la journaliste Laurence Niosi dans un article sur Espaces autochtones de Radio-Canada, les centres d’amitié autochtones du Québec, qui « depuis le début de la crise du coronavirus […] s’activent sur la ligne de front », souffrent d’« un sous-financement chronique des différents paliers de gouvernements ».
« Ces jours-ci, rapporte Laurence Niosi, les services dans les centres d’amitiés sont plus que jamais sollicités. Par la clientèle habituelle, mais aussi par des Autochtones itinérants ou encore ceux qui sortent des établissements de détention, comme Roberval. Ceux-ci ne sont plus acceptés dans leurs communautés où les déplacements sont dorénavant limités, voire proscrits, pour endiguer la propagation du virus. »
Dans le dernier budget du Québec, déposé à peine cinq jours avant la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, il n’y avait aucun investissement pour les Autochtones en milieu urbain et, dans un contexte de crise généralisée du logement à l’échelle de la province, on ne prévoyait aucune nouvelle programmation de logements sociaux et communautaires dans le cadre du programme AccèsLogis pour une deuxième année consécutive.
C’est presque uniquement en temps de crise que l’on parle des conditions de logement des Autochtones, sur réserve et hors réserve. Espérons que le traumatisme collectif que constitue la pandémie de COVID-19 pousse les gouvernements à mettre en place des politiques de logement qui tiennent spécifiquement compte de leurs réalités.