14 septembre 2015
Dans le cadre de la campagne, le RQOH a rencontré deux candidats aux élections fédérales du 19 octobre 2015. Marjolaine Boutin-Sweet, qui représente les électeurs de Hochelaga depuis mai 2011, est porte-parole du NPD en matière de logement.
Quelle est la position du NPD quant au logement social ?
Notre engagement est clair et ne date pas d’hier, par exemple, il y a deux ans, j’ai soumis la motion 450 au parlement dans le but de préserver le 1,7 milliard de dollars que le gouvernement fédéral alloue annuellement au financement de logements sociaux. Le gouvernement a annoncé la fin graduelle des ententes fédérales avec la SCHL. Je sais que l’ACHRU [la grande coalition pancanadienne dont fait partie le RQOH pour la promotion du logement social. NDLR] considère que deux tiers des logements sociaux pourraient être perdus et c’est pour ça que nous voudrions préserver le financement actuel, mais pas nécessairement toutes les ententes.
Nous proposons de mettre sur pied une stratégie pancanadienne sur le logement qui inclurait un plan sur la résolution des ententes fédérales. Pour nous, une stratégie sur le logement veut dire que les gens qui sont sur le terrain, comme le RQOH et d’autres organisations qui connaissent bien les réalités, travailleraient ensemble. Les différents paliers de gouvernements pourraient travailler ensemble pour déterminer les règles de base et faire en sorte qu’elles soient assez flexibles pour s’adapter à des situations particulières. Il pourrait y avoir des règles générales reliées à de nouveaux accords d’exploitation, mais la forme que prennent les accords pourrait varier d’une province à l’autre.
Est-ce dans les plans du NPD de transformer la SCHL ?
Nous devons avoir un financement prévisible à long terme. Nous voulons revenir à la mission originale de la SCHL qui était d’aider les gens à se trouver des logements adéquats et abordables. Même si les modalités et les mécanismes restent à définir, il ne fait pas de doute pour nous qu’actuellement la SCHL se consacre surtout à des activités telles que de la vente d’assurance et de la titrisation. Ce sont des activités utiles et rentables, il faut les poursuivre, mais les profits qu’elles génèrent devraient être utilisés pour remplir la mission sociale de la SCHL plutôt que pour renflouer les coffres de l’État.
Le NPD va-t-il s’engager à mettre plus d’argent dans le logement social ?
Pour l’instant, nous voulons conserver les 1,7 milliard qui sont actuellement alloués au logement. Cet argent n’est pas nouveau, mais il est prévu qu’il soit éliminé. Nous voulons préserver ce qui est déjà là. Nous voulons aussi injecter 500 M$ de nouveaux fonds en incitatifs pour favoriser la construction d’espaces locatifs, ce qui va influencer le marché du logement. Les groupes liés au logement social pourraient avoir accès à ces fonds-là. C’est certain que si nous sommes élus, nous ne pourrons répondre à toutes les demandes de tous les groupes, je vous le dis tout de suite. Nous savons que c’est une crise humanitaire, je ne peux pas en dire moins que ça. Ce sont de vraies personnes qui sont incapables de se loger convenablement et pour nous c’est extrêmement important. Personnellement, j’aimerais qu’on investisse plus en logement social et aussi que nous bâtissions des logements sociaux verts parce qu’à long terme l’entretien d’un immeuble avec des normes plus écoénergétiques coûte moins cher.
Au moins 45 000 ménages sont en attente de logements sociaux et communautaires au Québec. Quel est votre plan pour y répondre ?
Premièrement, il faut faire cesser l’hémorragie résultant des ententes qui ne sont pas renouvelées. Actuellement, nous perdons des logements sociaux et ça augmente la liste de gens en attente de logements et il y a plus de gens qui se retrouvent dans la rue. Deuxièmement, avec la construction de plus d’unités de logements locatifs, nous allons régler seulement une partie du problème, il doit y avoir du logement social abordable, ceci réglerait un peu le problème en diminuant le nombre de personnes en recherche de logement.
Le NPD propose un plan autour de six enjeux pour sa campagne, mais comment le logement social s’insère-t-il là-dedans ?
La campagne sur la vie abordable touche à plusieurs aspects. Par exemple, nous voulons limiter les frais d’opérations interbancaires, nous voulons aussi des cartes de crédit avec des intérêts de 5 % au-dessus du taux préférentiel et nous voulons mettre fin à la collusion dans la fixation des prix de l’essence. Nous voulons éviter les frais excessifs des banques et des grosses compagnies, par exemple les frais que vous devez payer pour une hypothèque. Ce sont toutes des choses qui viennent gruger le budget des personnes et quand ce t des personnes qui n’ont pas beaucoup de revenus, ces coûts peuvent changer la situation. Si une personne n’a pas à payer ces petits frais-là, ici et là, ça laisse de l’argent pour le logement.
En matière de lutte à l’itinérance, les conservateurs privilégient l’approche du « logement d’abord » où les gens sont logés dans le privé par le biais de subventions au loyer. Qu’en pensez-vous ?
Comme tous les groupes du Québec le demandent, nous voulons préserver une approche généraliste. Je pense que ce sont les groupes sur le terrain qui doivent décider de ce dont ils ont besoin et où le financement devrait aller, plutôt que le gouvernement fédéral. L’approche logement d’abord a eu des résultats très positifs et il peut y avoir une place pour cette approche, je crois qu’en Alberta c’est ce qu’ils veulent. Mais au Québec ce n’est pas l’approche qui est préférée alors la stratégie de lutte contre l’itinérance devrait être plus flexible que ce que promeut le gouvernement fédéral en ce moment. L’approche généraliste marche au Québec.