Changer nos pratiques pour s’éloigner des « futurs obsolètes »
Les chercheurs Monnin, Landivar et Bonnet travaillent sur la notion de redirection écologique. Cette notion va au-delà des approches classiques de transition écologique et de développement durable, en partant du principe que l’urgence écologique actuelle appelle à des changements en profondeur. C’est donc une façon de repenser nos activités, nos modes de production, de consommation et de vie. De fait, elle implique certains renoncements à des pratiques qui ne sont plus viables au regard des limites planétaires.
Par cette approche, selon ces chercheurs, tout l’enjeu pour l’ensemble de la société est de s’éloigner d’une trajectoire qui mènerait vers des « futurs déjà obsolètes ».
Dès maintenant, le réchauffement climatique a des conséquences directes sur le secteur du logement. Aussi bien en matière de confort thermique (chaud et froid) pour les habitant·es que de durabilité des bâtiments eux-mêmes. Cela signifie que l’on doit reconsidérer nos façons de construire ou de rénover les bâtiments, mais aussi la façon de les habiter.
Rénover pour faire durer :
Dans une logique d’utilisation raisonnée des ressources mondiales et naturelles, la première logique à appliquer est de prendre soin du parc de bâtiments existants. Pour les OSBL d’habitation, l’importance de l’entretien préventif est régulièrement rappelée et permet de combattre le risque de vétusté de certains immeubles, crucial dans un contexte de crise du logement. Cette pratique doit aussi aller plus loin en intégrant les enjeux du réchauffement climatique, notamment pour la rénovation énergétique des bâtiments.
Construire de façon sobre et résiliente :
Plusieurs figures d’expertise plaident pour une révision des normes et des codes de construction, afin de les aligner avec les objectifs climatiques du Québec. Le groupe de travail pour l’habitation et le climat a notamment été lancé pour conseiller les gouvernements sur le double défi du changement climatique et de l’abordabilité du logement. De plus, selon Julie-Anne Chayer, présidente de Bâtiment durable Québec, « plus on intègre des principes de construction durable dans un bâtiment, plus on réduira les risques climatiques ». À titre d’exemple, le projet de logement social Place Griffintown à Montréal a été conçu selon une approche résiliente et adaptée au réchauffement climatique. Végétalisation, ventilation naturelle, isolation de l’enveloppe du bâtiment, etc. Plusieurs caractéristiques pertinentes ont été expérimentées.
Se former et s’inspirer :
Enfin, la sensibilisation et la formation des parties prenantes du secteur de l’habitation sont cruciales. De fait, pour réussir à mener un changement d’ampleur, il est incontournable d’être sensibilisé·e sur les défis et solutions écologiques. Pour cela, des contenus de formation se développent et se diffusent de façon plus systématique. La documentation concernant l’intégration des enjeux climatiques dans le secteur du bâtiment est aussi bien fournie. Des recherches inspirantes se multiplient également. Par exemple, le CEREMA en France travaille sur un outil de mesure du Risque d’Inconfort Thermique d’Été (RITE) dans les logements. Cet outil (voir une version en ligne) permet de se représenter le niveau de confort thermique dans les logements rénovés ou neufs, et ainsi de se situer face à un avenir marqué par la multiplication des vagues de chaleur.