Un continuum de températures allant du plus froid au plus chaud, en lien avec le climat mondial.

28 janvier 2025

Adapter les logements dans un monde en surchauffe

L’année 2024 s’est terminée, et nous entrons officiellement dans le quart du siècle. Ce début 2025 est marqué par plusieurs évènements en lien avec le changement climatique. Quel est l’impact pour le secteur de l’habitation ?

La situation climatique en 2025

De prime abord, on peut se poser la question : pourquoi parler de réchauffement climatique alors que nous sommes en plein hiver au Québec ?
D’abord, car c’est un fait indéniable : la planète se réchauffe. Ainsi, l’Organisation Météorologique Mondiale vient de confirmer que 2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée. La température moyenne mesurée est supérieure d’environ 1,55 °C aux valeurs préindustrielles. Cela s’accompagne d’une série de records de température franchis en 2024, et de catastrophes à l’image des récents incendies de Los Angeles (ndlr : le climat californien étant devenu de plus en plus aride en raison du réchauffement planétaire, le risque de départ de feu est accru).
Ensuite, anticiper, se préparer et s’adapter au changement climatique global sont des actions à mener en continu, dans tous les secteurs. Les efforts en ce sens doivent être à la fois conjoints et constants.
On constate que le changement climatique se manifeste de manière de plus en plus tangible au Québec. Les hivers, traditionnellement froids et enneigés, connaissent des variations de plus en plus extrêmes. En particulier, les températures connaissent des oscillations importantes au sein de saisons météorologiques autrefois plus constantes. Pour illustration, on peut citer la perte de nombre de « journées d’hiver » , ou les périodes soudaines de redoux et de dégel en pleine saison froide.

Deux mots d’ordre : atténuation et adaptation

Face à cette nouvelle réalité, il est crucial d’agir à la fois sur l’atténuation et l’adaptation des logements pour minimiser l’impact du changement climatique tout en se préparant à y faire face. Pour commencer, faisons un retour sur ces deux termes. Car dans toute approche de résilience, il est essentiel de les considérer conjointement au regard de la stratégie à adopter pour faire face au réchauffement climatique.

Atténuation

Cela fait référence à « l’intervention humaine visant à réduire les sources et les émissions et/ou à renforcer les puits de [captation de] gaz à effet de serre » (source : Consortium Ouranos Canada).

C’est-à-dire, pour les OSBL-H, atténuer l’empreinte globale du secteur du logement et son influence sur le réchauffement climatique.

Adaptation

Cela regroupe un « ensemble d’initiatives et de mesures prises pour réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience des systèmes naturels et humains aux effets réels ou prévus des changements climatiques » (source : Consortium Ouranos Canada.

C’est-à-dire, pour les OSBL-H, adapter les bâtiments pour qu’ils puissent faire face à des phénomènes climatiques intenses. 

Schéma présentant l'atténuation-adaptation et les 3 enjeux associés avec des sphères d'influence
Notions d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques, enjeux et risques sanitaires (Source : TRIBU)

Néanmoins, les expert·es constatent que l’adaptation aux changements climatiques est souvent faite de manière réactive, en réponse à une catastrophe climatique. Pourtant, planifier son adaptation en amont s’avère généralement une stratégie bien moins coûteuse et plus efficace à long terme.
De fait, selon l’Institut climatique du Canada, adopter de façon proactive de mesures d’adaptation diminuerait de moitié (50 %) les coûts des dommages climatiques. Et cette réduction irait même jusqu’à 75 % si les mesures d’adaptation s’accompagnent de réduction des émissions de gaz à effet de serre en conformité avec l’Accord de Paris.

Changer nos pratiques pour s’éloigner des « futurs obsolètes »

Les chercheurs Monnin, Landivar et Bonnet travaillent sur la notion de redirection écologique. Cette notion va au-delà des approches classiques de transition écologique et de développement durable, en partant du principe que l’urgence écologique actuelle appelle à des changements en profondeur. C’est donc une façon de repenser nos activités, nos modes de production, de consommation et de vie. De fait, elle implique certains renoncements à des pratiques qui ne sont plus viables au regard des limites planétaires.
Par cette approche, selon ces chercheurs, tout l’enjeu pour l’ensemble de la société est de s’éloigner d’une trajectoire qui mènerait vers des « futurs déjà obsolètes ».

Dès maintenant, le réchauffement climatique a des conséquences directes sur le secteur du logement. Aussi bien en matière de confort thermique (chaud et froid) pour les habitant·es que de durabilité des bâtiments eux-mêmes. Cela signifie que l’on doit reconsidérer nos façons de construire ou de rénover les bâtiments, mais aussi la façon de les habiter.

 

Rénover pour faire durer :

Dans une logique d’utilisation raisonnée des ressources mondiales et naturelles, la première logique à appliquer est de prendre soin du parc de bâtiments existants. Pour les OSBL d’habitation, l’importance de l’entretien préventif est régulièrement rappelée et permet de combattre le risque de vétusté de certains immeubles, crucial dans un contexte de crise du logement. Cette pratique doit aussi aller plus loin en intégrant les enjeux du réchauffement climatique, notamment pour la rénovation énergétique des bâtiments.

Construire de façon sobre et résiliente :

Plusieurs figures d’expertise plaident pour une révision des normes et des codes de construction, afin de les aligner avec les objectifs climatiques du Québec. Le groupe de travail pour l’habitation et le climat a notamment été lancé pour conseiller les gouvernements sur le double défi du changement climatique et de l’abordabilité du logement. De plus, selon Julie-Anne Chayer, présidente de Bâtiment durable Québec, « plus on intègre des principes de construction durable dans un bâtiment, plus on réduira les risques climatiques ». À titre d’exemple, le projet de logement social Place Griffintown à Montréal a été conçu selon une approche résiliente et adaptée au réchauffement climatique. Végétalisation, ventilation naturelle, isolation de l’enveloppe du bâtiment, etc. Plusieurs caractéristiques pertinentes ont été expérimentées.

Se former et s’inspirer :

Enfin, la sensibilisation et la formation des parties prenantes du secteur de l’habitation sont cruciales. De fait, pour réussir à mener un changement d’ampleur, il est incontournable d’être sensibilisé·e sur les défis et solutions écologiques. Pour cela, des contenus de formation se développent et se diffusent de façon plus systématique. La documentation concernant l’intégration des enjeux climatiques dans le secteur du bâtiment est aussi bien fournie. Des recherches inspirantes se multiplient également. Par exemple, le CEREMA en France travaille sur un outil de mesure du Risque d’Inconfort Thermique d’Été (RITE) dans les logements. Cet outil (voir une version en ligne) permet de se représenter le niveau de confort thermique dans les logements rénovés ou neufs, et ainsi de se situer face à un avenir marqué par la multiplication des vagues de chaleur.

En conclusion

En combinant les efforts d’atténuation, d’adaptation et d’évolution des pratiques, le Québec peut se doter d’un secteur du logement à la fois plus résilient et plus respectueux des limites planétaires. Le chantier à mener est grand, mais l’urgence climatique est bien réelle. C’est une responsabilité et un engagement pour construire un avenir soutenable pour les générations actuelles et à venir.