27 mars 2023
Dans une lettre adressée à la vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland le 14 mars dernier, l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (ACHRU) a émis une série de recommandations en vue du budget fédéral qui sera déposé demain.
Afin de contrer les crises du logement et de l’abordabilité, l’ACHRU demande au gouvernement de d’offrir aux fournisseurs de logements abordables les moyens pour continuer la création de logements dans le cadre du Fonds national de co-investissement pour le logement (FNCIL).
Pour appuyer ses propos, l’ACHRU rappelle l’important déficit de financement destiné aux projets de logements abordables occasionné par l’augmentation des coûts du service de la dette et la hausse marquée des taux d’intérêt.
Elle indique que les fournisseurs doivent constamment faire plus avec moins. Le montant alloué par le FNCIL, lorsque joint à des prêts, a diminué de 40 %. Le retrait de ce plafonnement, présentement à hauteur de 25 000 $ par logement, pourrait permettre de combler les déficits de nombreux projets prêts à voir le jour.
L’ACHRU indique d’ailleurs qu’« il est pratiquement impossible d’utiliser le FNCIL pour créer des logements communautaires abordables ». Le programme est ainsi loin d’atteindre les objectifs fixés.
Elle recommande donc une bonification de 4 milliards de dollars par année, sur une période de deux ans, du FNCIL.
Selon l’ACHRU, l’oubli le plus notable de la Stratégie nationale sur le logement (SNL) concerne l’absence d’une stratégie de développement de logements autochtones dédiée aux milieux urbain, nordique et rural (URN). Elle souligne que les ménages autochtones domiciliés dans ces milieux sont 1,5 fois plus susceptibles de vivre dans un logement inadapté et réclame un financement de 6,3 milliards afin de remédier à cette situation.
Le Caucus autochtone de l’ACHRU a d’ailleurs facilité la formation, en février dernier, du Logement coopératif national autochtone (LCNA), qui « fournit une structure organisationnelle nationale permettant de coordonner les ressources humaines, financières et autres, nécessaires à une augmentation des logements pour les populations autochtones en régions URN ». Le Caucus est ainsi prêt à déployer une stratégie pour répondre aux besoins exprimés par les communautés autochtones. L’ACHRU rappelle également à la ministre Freeland que son mandat prévoit la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA).
Les spécialistes du logement et les économistes prêchent depuis longtemps pour un programme national d’acquisition et de protection de l’offre.
Ils font valoir que l’achat est à la fois moins dispendieux et moins risqué que la construction, en plus de s’avérer plus rapide. Cette formule permet également de miser sur l’efficacité énergétique et d’améliorer les immeubles, ce qui contribue à la qualité de vie des locataires.
L’ACHRU recommande ainsi que le fonds pour accélérer la création de logements intègre l’achat d’immeubles locatifs existants par des organismes sans but lucratif comme activité admissible. Il demande aussi au gouvernement de travailler avec le secteur du logement abordable afin de créer un programme national d’acquisition d’immeubles et de préservation de logements locatifs.
Considérant les changements drastiques en ce qui a trait aux coûts de l’habitation, à l’offre de logements, aux taux d’intérêt, aux coûts des matériaux de construction et de la main-d’œuvre depuis le lancement de la Stratégie nationale sur le logement (SNL) en 2017, l’ACHRU demande la révision de cette dernière.
Les programmes fédéraux pourraient d’ailleurs s’inspirer des initiatives provenant de secteurs variés, dont des fondations communautaires, qui désirent améliorer la situation.
Afin d’assurer à la population une vie plus équitable, inclusive et abordable, il paraît impératif que les acteurs du milieu de l’habitation, qui concrétisent les programmes gouvernementaux, puissent mettre à profit leur expérience terrain et leur savoir-faire communautaire.