19 mars 2019
L’argent annoncé en 2017 et 2018 pour la Stratégie nationale est bel et bien au rendez-vous cette année. « C’est en soi une bonne nouvelle que le gouvernement traite avec sérieux les promesses faites en début de mandat », affirme le directeur général du RQOH, Stéphan Corriveau. « Bien que ce soit un véhicule surprenant pour y arriver, ajoute-t-il, c’est finalement dans son quatrième budget que le gouvernement libéral matérialisera son engagement d’adopter une loi qui obligera les futurs gouvernements à traiter du logement comme un droit. C’est positif, bien que cette annonce soit clairement moins forte que celle dévoilée dans la Stratégie. Au lieu de s’engager à considérer le logement comme un droit humain, il n’est ici question que de l’exigence d’avoir une Stratégie gouvernementale pour le logement. Espérons que le texte du projet de loi budgétaire, qui sera déposé d’ici quelques semaines, reviendra aux orientations originales. »
Si elles confirment les engagements de l’an dernier en matière de logement communautaire, les pages du budget consacrées au logement portent essentiellement sur des mesures destinées à faciliter l’accès à la propriété individuelle et faciliter la vie aux promoteurs immobiliers offrant des logements sur le marché locatif à but lucratif. « Une kyrielle de mesures qui apporteront des milliards de plus d’argent pour alimenter la spéculation immobilière dans un marché déjà en surchauffe », commente Stéphan Corriveau.
Le RQOH constate que le principal engagement budgétaire est en faveur d’un programme surtout utilisé par des promoteurs locatifs privés, qui auront accès à 10 milliards de $ à des taux privilégiés. En retour, ces derniers ont comme principale obligation de fournir 20 % de leurs logements à prix « abordable » (soit un loyer égal ou inférieur à 30 % du revenu médian des ménages dans le marché visé, l’équivalent de 1 979$ par mois à Montréal), et ce, seulement pour une période de 10 ans.
Le RQOH observe également que les exigences d’efficacité énergétique et d’accessibilité universelle de ce programme sont largement en deçà de celles requises pour les programmes réservés aux secteurs communautaire et municipal.
« Respecter les promesses budgétaires de l’an dernier est certainement honnête, conclut Stéphan Corriveau, mais cela ne sera pas suffisant pour régler tous les problèmes vécus par les 1,7 million de ménages canadiens qui ont des besoins impérieux en matière de logement. Espérons qu’un jour le gouvernement fédéral comprendra que pour réussir à garantir un toit pour tous, il faudra prendre les moyens nécessaires. »