Alors que le monde de l’itinérance est encore sous le choc du démantèlement abrupt du campement de la rue Notre-Dame, où des citoyens sans logement s’étaient installés depuis l’été 2020, des organismes de Montréal mettent les bouchées doubles pour contribuer à une solution durable au problème de l’itinérance dans la métropole.
Chambreclerc, un organisme sans but lucratif d’habitation qui vient en aide à des hommes et des femmes qui éprouvent de multiples problématiques principalement en lien avec l’itinérance, la santé mentale et physique et la toxicomanie, offre 73 unités de logement destinées à des personnes seules réparties dans quatre maisons situées au centre-ville de Montréal.
Il s’agit de logements abordables et sécuritaires, où les locataires peuvent bénéficier du programme de supplément au loyer de la Société d’habitation du Québec (SHQ), ce qui leur permet de débourser seulement 25 % de leur revenu pour se loger. Afin de favoriser leur maintien en logement et la stabilité résidentielle des locataires, Chambreclerc met en place des activités de soutien communautaire visant à maintenir ou améliorer les capacités des locataires et à éviter une détérioration de leur situation.
« Les gouvernements devraient favoriser ce type de ressources, explique Isabelle Leduc, la directrice de Chambreclerc, car avec l’approche favorisant le marché locatif privé que l’on voit actuellement, il n’y a pas de développement d’un milieu communautaire pour les résidents, qui sont dispersés, soumis à l’arbitraire des propriétaires et il y a un manque au niveau du contrôle de la qualité des logements. »
La demande mainte fois répétée par les citoyens expulsés de leur campement de la rue Notre-Dame est d’avoir accès à un logement sécuritaire, en toute autonomie. Autant les pourvoyeurs de logements sociaux et communautaires que les organismes qui œuvrent dans le domaine de la lutte contre l’itinérance claironnent le même message depuis des années – si ce n’est des décennies. Or, depuis l’instauration des politiques d’austérité en 2013-2014, les gouvernements du PLQ puis de la CAQ définancent littéralement la construction de nouveaux logements sociaux. Nous sommes désormais à un creux inédit où l’écart entre la construction et les besoins de la population s’agrandit de plus en plus.
Certains groupes ont pourtant raison des obstacles au développement et au manque de financement et réussissent tout de même à élargir l’offre de logement. C’est le cas de l’organisme Ma Chambre (204 unités dans cinq maisons de chambres à Montréal) qui va prendre livraison le 18 janvier 2021 de 24 chambres rénovées à neuf, sises sur le boulevard Saint-Joseph. Un projet développé en AccèsLogis volet 3 (qui « s’adresse exclusivement à la clientèle ayant des besoins spéciaux en matière de logement temporaire ou permanent; et nécessite une collaboration étroite avec le réseau de la santé et des services sociaux » – dans le jargon). Les futurs locataires bénéficieront donc du programme de la SHQ leur permettant de ne consacrer que 25 % de leur revenu au paiement du loyer.
Éric Caron, directeur général de l’organisme Ma Chambre, affiche une certaine fierté d’avoir réussi à rénover et maintenir une maison de chambres située dans Le Plateau-Mont-Royal. Les maisons de chambres sont, on le sait, en voie de disparition sur l’île.
Heureusement que l’on peut se réjouir de telles avancées, car par ailleurs les nouvelles ne sont pas toues bonnes. Comme le faisait remarquer une lettre ouverte signée entre autres par la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM) et intitulée « Le site de l’hôpital Royal Victoria doit servir le bien commun », il est fort à craindre qu’une bonne partie du site de l’ancien hôpital échappe à sa mission sociale. En effet, des décisions opaques et fort probablement liées à des enjeux et des intérêts de spéculation immobilière font que le site ne pourra peut-être pas accueillir autant de logements sociaux ou d’espaces sociocommunautaires qu’il serait souhaitable dans la situation actuelle.