Par François Vermette, directeur général du Réseau québécois des OSBL d’habitation

Comme vous l’avez peut-être déjà entendu entre les branches, je vais quitter la direction du Réseau à la fin de 2012, après presque 10 ans de services à la tête de l’organisation.

Je quitte un poste fantastique dans une organisation exceptionnelle qui m’a permis de côtoyer des personnes et des organisations qui ont toute mon admiration. Je pense en particulier à toutes ces personnes qui se dévouent dans les OSBL d’habitation que j’ai eu la chance de visiter pendant ces 10 ans. Le travail qu’elles font, le dévouement dont elles font preuve méritent qu’on le souligne. Cet engagement dans les OSBL d’habitation a toujours été une source de motivation pour me permettre d’aller de l’avant.

Beaucoup de chemin a été parcouru en 10 ans et je crois que nous pouvons être fiers de que nous avons réalisé. Je dis « nous » parce que ce travail a été soutenu par un conseil d’administration à qui revient une grande part du crédit et par les fédérations elles-mêmes qui ont, au cours des années, développé des services de proximité que le Réseau n’aurait jamais pu rendre.

Ces dix années de croissance ont profité d’un contexte favorable, bien que toujours incertain. Le programme AccèsLogis, qui reste pour nous une source de financement indirecte, s’est maintenu, bon an mal an, au-dessus de la barre des 2000 unités par année, ce qui nous a permis de nous développer à tous les niveaux. En effet, les OSBL d’habitation sortent les grands gagnants du développement des nouvelles unités. Près de 68 % des projets ACL ont été réalisés par des OSBL d’habitation (mais seulement 29 % dans le programme Logement abordable). Globalement, la part des OSBL est en déclin, tout comme celle des coopératives d’habitation, au profit des offices d’habitation qui atteignent presque 20 %.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, mais certains dossiers ne sont toujours pas réglés après 10 ans. À ma première séance du conseil d’administration, il était question bien sûr du soutien communautaire qui, bien qu’il ait reçu une reconnaissance importante avec l’adoption du Cadre de référence en 2007, reste sous-financé dans plusieurs régions et pas du tout dans d’autres. Et depuis 2007, le comité de suivi ne s’est réuni qu’une seule fois!

Il était aussi question du financement du Réseau et des fédérations par le Programme d’aide aux organismes communautaires (PAOC) de la SHQ. Ce programme a fait de petits pas timides, mais reste une source de sous-financement flagrante pour les fédérations en particulier, en plus d’être inéquitable par rapport aux autres organismes financés et de ne pas respecter la politique de l’action autonome dont il devrait être l’incarnation pour la SHQ.

Le financement d’AccèsLogis était aussi à l’ordre du jour en 2003 et il le reste toujours, puisque nous n’avons toujours pas obtenu de financement pluriannuel du programme. Celui-ci mériterait des modifications que nous réclamons sans succès depuis plusieurs années, en particulier en ce qui a trait au budget de fonctionnement trop systématiquement sous-estimé et aux réserves de remplacement nettement insuffisantes selon toutes les études réalisées pour les évaluer.

La situation des OSBL d’habitation pour aînés est préoccupante avec la tendance du ministère de la Santé à n’y voir que des endroits ressemblant à des CHSLD. Toute la certification va en ce sens. Nous avions déjà identifié cette tendance en 2003 en publiant une lettre ouverte dans Le Devoir, intitulée « Logement pour personnes âgées : un terrain glissant » (lettre parue dans Le Devoir du vendredi 17 octobre 2003) où nous nous inquiétions d’un glissement vers les personnes en lourde perte d’autonomie souhaité par le MSSS qui ne finance pas suffisamment les soins à domicile et qui ferme des places en CHSLD. En 2012, cette préoccupation se traduit par le délire sécuritaire que le MSSS veut introduire dans les résidences avec sa certification obligeant les OSBL d’habitation à offrir à grands frais des services qui ne sont pas nécessaires.

Ces dossiers continueront de préoccuper le Réseau après mon départ, mais j’espère qu’ils connaîtront un aboutissement avant qu’un autre 10 ans s’écoule!

Merci pour ces belles années.

Article paru dans le bulletin Le Réseau no 42