6 décembre 2011

Cinq questions posées à… Claude Roy

 

Dans le cadre de notre dossier spécial sur le soutien communautaire, M. Claude Roy, conseiller au bureau du président directeur général à la Société d’habitation du Québec, responsable du dossier du soutien communautaire depuis ses débuts et récipiendaire, en 2002, du prestigieux prix John D. Lange remis par la National Housing and Redevelopment Officials (NAHRO) pour son implication dans le domaine du logement, a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions en se prêtant au jeu d’une entrevue écrite.

À ce jour, quel bilan faites-vous de l’implantation et de la mise en oeuvre du Cadre de référence sur le soutien communautaire en logement social?

ll faut se rappeler du long cheminement qu’a connu le dossier du soutien communautaire à partir des premières expérimentations et de la création de la FOHM, en 1987, d’où est issue la pratique du soutien communautaire. Cette pratique s’est ensuite développée et des démarches continues pour la reconnaissance de celle-ci ont été entreprises tant auprès de la Société d’habitation du Québec, qu’auprès du réseau de la santé. Ayant suivi et accompagné celles-ci, vous comprendrez que la reconnaissance officielle du soutien communautaire et celle d’une responsabilité partagée à l’égard de clientèles communes confirmées par l’adoption du cadre, ainsi que d’un financement récurrent, constituent pour moi et aussi, j’en suis sûr, pour nos partenaires, une réussite à partir de laquelle nous pouvons aller de l’avant.

« En ce qui concerne la SHQ, une étude récente effectuée sur les impacts économiques et sociaux de nos programmes retenait comme intervention prioritaire la connaissance des pratiques et le développement du soutien communautaire. Le nouveau plan stratégique adopté récemment retient, lui aussi, le soutien communautaire comme un élément à privilégier. »

En ce qui concerne l’implantation du cadre lui-même, lorsque l’on aura complété les dernières données sur son impact, nous en serons à presque 300 ententes de coopération à travers le Québec et les sommes récurrentes de 5 M$ consenties aux agences, dès le départ en 2007, auront été dépassées de près de 30 % pour atteindre 6,5 M$.

Quant à moi, j’évalue l’ensemble des investissements récurrents dans ce dossier en comptant ce qui a été injecté avant et après l’adoption du cadre à près de 8,5 M$, ce qui n’est pas négligeable et n’inclut pas les sommes non-récurrentes consenties dans le cadre de la Stratégie de partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI).

Un autre élément à considérer est le rapprochement qui s’est réalisé dans ce dossier avec le réseau de la santé et des services sociaux. La désignation d’un répondant à ce dossier dans chacune des agences en est une illustration très concrète.

« Somme toute, des efforts importants ont été consentis à l’implantation et au suivi de ce dossier, ainsi qu’à son rayonnement dans chaque région. »

Lorsque vous évaluez le cadre dans son ensemble, quels sont les succès et les ratés qui vous viennent spontanément en tête?

Il est difficile pour moi de parler de ratés. Le cadre est dans une période d’implantation. Une de mes collègues du MSSS me disait qu’un tel dossier se développe sur une période de dix ans. Donc, parlons des éléments à renforcer. On peut insister sur l’importance de mieux faire valoir et diffuser les réussites et les innovations qui sont observées à travers les différentes ententes de coopération en place, ce sur quoi nous travaillons présentement. De même, il y a à assurer le suivi ainsi que l’encadrement et le soutien aux intervenants en place afin que le soutien communautaire dans son essence corresponde en tout point à la définition qui est inscrite dans le cadre et qui a été adoptée par tous les partenaires. En ce qui concerne les succès, j’estime que dans la grande majorité des cas, le cadre est bien compris et appliqué de manière uniforme dans chaque région. Il demeure un outil de travail et de référence apprécié et très utilisé, ce qui répond aux objectifs d’un cadre de référence. Ainsi, j’ai assisté à des rencontres en Chaudière Appalaches, dans le cadre d’une entente spécifique qui bonifie l’intervention, et dans Lanaudière, à une rencontre bilan fort intéressante. Chaque fois, j’ai été positivement impressionné par le rayonnement de ce document sur le terrain. De même, si on regarde à Montréal et à Québec, le travail des agences et des répondants affectés à ce dossier est à souligner et illustre bien la nature intersectorielle de nos travaux.

Lors du lancement du cadre de référence, en 2007, la mise en place d’un comité conjoint dont l’objectif était « de susciter une réflexion concertée autour de la notion de soutien communautaire en logement social », tout en suivant « l’implantation de la politique », avait été annoncée. Qu’advient-il de ce projet?

Le comité conjoint se voulait un comité conseil ayant pour objectif de suivre l’implantation du cadre et de suggérer les modifications requises, si nécessaires. Il s’est réuni deux fois depuis sa création en 2007 et il sera sûrement convié en 2012. Pour différentes raisons, les rencontres n’ont pas été très fréquentes. Cependant, cela ne signifie pas que le suivi n’ait pas été réalisé et que des échanges continus avec nos partenaires, dont le RQOH, n’ont pas été tenus, bien au contraire. Aussi, peu de dossiers ont été soutenus comme celui de l’implantation du cadre, tant au MSSS qu’à la SHQ. Les huit rencontres « Loger à la bonne enseigne » ont rejoints près de mille intervenants des deux réseaux et l’un des objectifs de celles-ci était précisément de diffuser le contenu du soutien communautaire. Onze rencontres du même genre se sont tenues dans le réseau du logement social. Au total, ces dix-huit colloques ont rejoints 2 500 intervenants des deux réseaux concernés. Somme toute, des efforts importants ont été consentis à l’implantation et au suivi de ce dossier, ainsi qu’à son rayonnement dans chaque région.

Quel avenir pour le cadre de référence dans les prochaines années, entrevoyez-vous de nouvelles applications ou opportunités?

Il me semble que la notion même du soutien communautaire est véhiculée et soutenue dans plusieurs dossiers ce qui en illustre son importance. Ainsi, le Plan d’action en itinérance 2010-2013 suggère sa consolidation et son développement.

« En ce qui concerne l’implantation du cadre lui-même lorsqu’on aura complété les dernières données sur son impact, nous en serons à presque 300 ententes de coopération à travers le Québec et les sommes récurrentes de 5 M$ consenties aux agences dès le départ en 2007 ont été dépassées de près de 30 % se situant à 6,5 M$. »

Il en est de même dans le dossier entourant l’élaboration de la politique « Vieillir chez soi » pour les personnes âgées et plusieurs groupes en santé mentale font du soutien communautaire une de leurs revendications. Somme toute, l’utilité de cette approche n’est plus à démontrer. Les défis sont de mieux encadrer son développement et de soutenir de nouveaux besoins qui s’expriment. En ce qui concerne le soutien et l’encadrement, la FOHM à Montréal a initié des formations sur le soutien communautaire et il serait utile de s’en inspirer pour prévoir une formation et des échanges continus dans ce dossier.

En ce qui concerne la SHQ, une étude récente effectuée sur les impacts économiques et sociaux de nos programmes retenait comme intervention prioritaire la connaissance des pratiques et le développement du soutien communautaire. Le nouveau plan stratégique adopté récemment retient, lui aussi, le soutien communautaire comme un élément à privilégier.

Somme toute, sans parler des interventions des principaux réseaux concernés, dont le RQOH, la table est mise pour que de nouveaux développements se produisent.

Y-a-t-il d’autres points que vous aimeriez soulever?

En terminant, j’aimerais revenir sur l’importance des rapprochements entre nos deux réseaux, lesquels se sont concrétisés dans ce dossier qui a mis près de quatre années de travaux. Il s’agit d’une avancée dont nous bénéficions tous. Ce dossier intersectoriel a abouti en raison de la complémentarité et de l’ouverture respective des personnes impliquées, tant au MSSS qu’à la SHQ, tout autant que des demandes pressantes et de la collaboration des partenaires, comme le RQOH, d’où est issue et où s’est développée cette pratique. Il est donc important de conserver cette synergie qui a été garante de résultats probants.