19 septembre 2016

Les groupes de l’Abitibi-Témiscamingue pour un financement adéquat de l’habitation communautaire

C’est à Val-d’Or qu’a repris le 19 septembre la tournée de consultation du député Norbert Morin, adjoint parlementaire responsable du dossier de l’habitation à Québec. Stéphanie Rajotte, envoyée spéciale du RQOH pour l’occasion, a voulu appuyer le message lancé par les organismes locaux : « Le soutien au loyer sur le marché privé ne peut être une solution de rechange au développement de nouveaux logements sociaux. »  Bruce Gervais, de l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue (ALOCAT), a pour sa part déclaré : « Ça fonctionne, le logement social : ici, les PSL privés sont difficiles à octroyer puisque le taux d’inoccupation est trop bas. L’absence de droit de regard sur la clientèle par les propriétaires rend les PSL privés inintéressants pour eux. » Les membres d’ALOCAT ont par ailleurs décidé de manifester durant la consultation, pour faire entendre leurs inquiétudes face à la nouvelle approche d’intervention en habitation de la SHQ.

La région connaît une situation particulière. En effet, début septembre, l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue révélait qu’aucune habitation à loyer modique n’avait été construite dans la région entre 2010 et 2015. Certes, deux projets apportent un peu de répit à cette région qui connaît d’immenses besoins en matière de logement : des logements sociaux réservés aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ont vu le jour à Rouyn-Noranda en 2016, et l’OSBL Kijaté entreprendra à Val-d’Or en 2017 la construction de 24 logements sociaux pour des familles autochtones. Mais dans l’ensemble, la situation demeure préoccupante. « Si on compte tout, on ne dépasse pas 7 % du parc total de logement locatif qui est du logement social – des HLM, des OBNL d’habitation, des coops. La moyenne québécoise, c’est 10 % », a dit Bruce Gervais. Plus de 500 ménages sont en attente d’une place en logement social dans la région.

Les failles du programme AccèsLogis et l’insuffisance du nombre de projets soutenus ont été pointées dans les interventions des participants. « On a fait des études pour voir s’il y avait de la possibilité de construire et s’il y avait des besoins, mais avec la contribution du milieu requise, il faudrait que les bébés contribuent pour qu’on réussisse à lever les fonds requis par le programme AccèsLogis. Une autre étude complétée en 2015 a démontré qu’on a besoin de 103 places de plus pour les personnes âgées ; une de nos résidences a 135 noms sur sa liste d’attente », a dit Édith Vincent, directrice de la Table régionale de concertation des personnes aînées de l’Abitibi-Témiscamingue.

Stéphanie Rajotte est la directrice générale du Regroupement des OSBL d’habitation et d’hébergement avec support communautaire en Outaouais (ROHSCO). Elle représentait à Val-d’Or le RQOH, dont elle est la secrétaire du conseil d’administration. Elle a tenu à rappeler que dans les programmes de la SHQ, les réserves prévues sont insuffisantes. À cela s’ajoute la réalité régionale, avec des coûts de construction plus élevés qu’ailleurs au Québec. « Deux groupes de l’Abitibi-Témiscamingue ont des réserves de remplacement à 0 $ parce qu’ils n’arrivent pas. Nous avons besoin d’un programme qui permette d’utiliser l’avoir immobilier des OSBL et de mutualiser leurs réserves. »

Le RQOH représente directement les OSBL d’habitation de l’Abitibi et du Témiscamingue. En mars 2016, il a fait paraître une série de portraits du logement communautaire, dont celui du projet Kijaté à Val-d’Or, qui est le fruit d’une démarche communautaire autochtone.

Stéphanie Rajotte a été interviewée le 19 septembre 2016 à l’émission Région zéro 8 avec Annie-Claude Luneau, sur les ondes de Radio-Canada. Pour accéder à l’audio-fil de l’émission, cliquez ici.

Consultez les Portraits de l’habitation communautaire

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