15 janvier 2021
Les prises de position contre la mesure entrée en vigueur le 9 janvier 2021 et les actions « pour des solutions solidaires à la pandémie » se multiplient au Québec, d’autant plus que l’on comprend mal son utilité au vu des principaux lieux d’éclosion qui se situent dans les lieux de travail, dans les écoles et dans les hôpitaux. Une lettre ouverte a été publiée dans les journaux le 11 janvier.
Dès l’annonce de la mesure, le Regroupement d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), par la voix de sa directrice Annie Savage, réclamait que « les personnes en situation d’itinérance [puissent] bénéficier d’une tolérance automatique par les policiers » et demandait l’émission d’un « sauf-conduit pour les personnes qui interviennent auprès de cette clientèle ». Une position bientôt relayée par la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM).
La promesse faite par la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault d’une approche équilibrée (elle faisait appel au « bon jugement » des policiers) a bientôt été démentie sur le terrain par l’émission d’une contravention de 1500 $ à Montréal. Dans une conférence de presse au début janvier, les groupes avaient été estomaqués par une déclaration de François Legault qui faisait preuve d’un manque d’empathie pour les personnes itinérantes en même que d’une méconnaissance de la situation à Montréal. « Avec le froid, on souhaite [que les sans-abris] soient à l’intérieur. Et il y a assez de places de disponibles », avait-il dit sèchement.
Une approche « mur à mur » et misant qui plus est sur la judiciarisation est peu susceptible de porter des fruits devant une situation complexe et multiforme : données inquiétantes d’éclosions dans les populations autochtones itinérantes; difficulté de retracer les cas de personnes COVID-positives dont la ressource ferme à cause d’une éclosion, etc.
Le journal Métro rapportait le 13 janvier les propos de Mélodie Racine, la directrice de The Open Door : « Certains [itinérants] vont dans d’autres ressources, alors qu’il n’est pas recommandé d’aller d’un endroit à un autre. Les autres restent dehors et se collent pour se tenir chaud, ce qui ne favorise pas non plus la lutte contre la transmission. »
Ce n’est pas la première fois depuis le début de la pandémie que l’importance du droit à un logement digne et sécuritaire pour tous et toutes est mis en évidence. Rien n’indique pour le moment que le gouvernement du Québec est disposé à renverser la tendance, avec un programme AccèsLogis qui fonctionne mal et dont le nombre d’unités livrées diminue d’année en année depuis 10 ans.