20 juillet 2021

Crise du logement au 1er juillet, tentative de bilan

Passée la mi-juillet, l’agence de presse QMI rapportait une « situation critique pour 60 ménages à Sherbrooke », obligeant les autorités municipales à prolonger leur aide financière aux personnes dans le besoin. Non seulement les logements se font rares, mais ceux qui sont offerts à la location le sont à des prix mirobolants : l’organisme Accompagnement pour personne à la recherche d’un toit (Appart) parle de hausses de 16 % à Sherbrooke en 2021.

Le 19 juillet, Guillaume Cyr de La Presse rapporte que « pas moins de 216 ménages sont […] sont encore à la recherche d’un logement ». C’est davantage que le chiffre rapporté quelques jours plus tôt (193 ménages), indiquant ainsi une crise qui s’étend dans le temps. « Les locataires qui avaient des plans B pour quelques jours et espéraient trouver un logement après le 1er juillet ne trouvent rien qui corresponde à leurs besoins », explique Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU, en entrevue avec ce média.

Le milieu communautaire en logement n’a pas ménagé ses efforts ces dernières semaines pour faire face à la détresse des ménages sans logement : les principaux regroupements de défense des locataires comme le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le FRAPRU, la DG et porte-parole du RQOH Chantal Desfossés, ont multiplié les interventions pour sensibiliser gouvernants et médias. Des regroupements régionaux comme la Fédération régionale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie ou des comités logement locaux ont mobilisé leur personnel et leurs militants pour trouver des logements abordables ou mettre en place des mesures d’aide.

Dans son « Bilan de la période des déménagements », le gouvernement fait sans surprise une évaluation positive de son action. Il rapporte que 2305 ménages ont été aidés par diverses mesures : « Des logements ont été répertoriés, une ligne directe était disponible pour soutenir les personnes dans la recherche d’un logis, de l’aide financière était prévue pour épauler ceux et celles qui étaient dans le besoin à payer un loyer, et de l’hébergement temporaire ainsi que de l’entreposage des biens étaient offerts si nécessaire. » Ces chiffres ne comprennent pas les ménages qui pour diverses raisons – absence de services dans leur région ou secteur, flou du statut migratoire, méfiance à l’égard des autorités, ou ignorance – n’ont pas fait appel aux mesures offertes.

À n’en pas douter, les personnels de la Société d’habitation du Québec, des offices d’habitation et des principales municipalités concernées ont travaillé d’arrache-pied durant ces semaines critiques, mais ce que le gouvernement appelle présomptueusement un « plan d’action musclé » devra sans doute est répété année après année – avec ce que cela implique de traumatisme pour des milliers de ménages – faute, justement, d’un plan d’action musclé en matière de logement social et communautaire.

En effet, le gouvernement ne prévoit réaliser que 2 441 logements sociaux en 2021 alors que la cible à atteindre est de 5 000 nouveaux logements (certains parlent de 10 000) par année pour répondre aux besoins de la population – et il ne s’agit là que du « rattrapage » de construction de logements déjà prévus dans des budgets précédents. Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement ne prévoit financer que 500 nouveaux logements dans le cadre du programme AccèsLogis. C’est donc dire que l’écart entre les besoins de logement et l’offre ne cessera de croître au cours des prochaines années, ce qui prépare bien des « crises du premier juillet » à venir…

Il faut rappeler qu’en matière de construction de logements sociaux, la CAQ en trois ans au pouvoir affiche l’un des pires bilans depuis que Québec possède son propre programme de soutien (AccèsLogis, institué au milieu des années 1990), avec en moyenne 1000 nouveaux logements par année.

Le RQOH a d’ailleurs proposé plusieurs actions concrètes au gouvernement du Québec pour sortir de la crise actuelle de logement, réduire les listes d’attente et améliorer le sort des personnes en difficulté, dont la relance du programme AccèsLogis et la réalisation de logements sociaux et communautaires avec au moins 5 000 nouvelles unités annuellement pour les cinq prochaines années.

Crédit photo RADIO-CANADA / RENÉ SAINT-LOUIS