Croissance démographique
Selon les auteurs de la note, l’hypothèse d’un déficit de construction résidentielle en regard de la croissance démographique est difficilement démontrable.
Dans les faits, si la construction peut paraître lente face à la croissance démographique, il importe de compter le nombre de ménages, et non de suivre la croissance générale de la population. En effet, les ménages sont souvent composés de plus d’un individu.
Les chercheurs démontrent qu’au Québec, entre 2001 et 2021, le nombre de nouveaux logements achevés dans cinq grandes villes a été soit supérieur ou équivalent au nombre de ménages. Sherbrooke, où le déficit était considérable, constituait l’exception à la règle.
Les chercheurs questionnent l’idée selon laquelle les dépenses et les exigences règlementaires freinent l’élan des promoteurs, puisqu’entre 2002 et 2022, les investissements sont restés plutôt stables.
Contrairement à ce qu’on entend partout, l’industrie de la construction n’a pas été secouée par des contraintes et des difficultés financières. Les choix des promoteurs, qui allaient vers la rentabilité, seraient davantage en cause, comme l’indique l’étude :
Le déficit de logement locatif véritablement abordable est encore plus spectaculaire lorsqu’on considère le développement du logement social, qui est une forme de logement hors marché, spécialement conçue pour être accessible financièrement et qui, jusqu’en 2022, était entièrement financée par les pouvoirs publics.
Ainsi, au fil des 20 dernières années, le déficit d’investissement s’est opéré dans une sphère de l’habitation qui aurait favorisé la situation actuelle. Les faibles taux d’inoccupation peuvent également s’expliquer par la sous-construction de logis sociaux, communautaires et réellement abordables.
Industrie en santé
En analysant la santé financière des entreprises dans trois domaines d’activité significatifs, soit le financement hypothécaire, la location résidentielle, de même que la construction et la promotion de la construction de logements, les chercheurs ont remarqué une hausse constante des intérêts versés par les ménages sur les prêts hypothécaires, qui ont augmenté de façon significative et constante pour la période étudiée.
Quant aux bénéfices des entreprises de promotion et de construction individuelle ou résidentielle, les données analysées indiquent qu’ils seraient demeurés stables entre 2016 et 2019.
Même si elles sont souvent partielles, les informations accessibles au grand public suggèrent que les bénéfices ou les revenus des principales entreprises (ou particuliers) œuvrant dans l’immobilier résidentiel ont soit connu une très forte croissance, soit affiché des niveaux relativement stables et enviables au cours des dernières années.