6 juin 2022

Crise du logement

Le malheur est une école de sage

La période que nous traversons en matière de logement est unique dans l’histoire du Québec. En plus de la hausse importante des loyers et ses conséquences, cette période n’est pas sans rappeler le contexte économique et politique difficile des années 1990.

Le malheur est une école de sage, dit-on au Burkina Faso. Les difficultés que le Québec a vécu dans les années 1990 et les difficultés en matière de logement ont amené les acteurs à trouver des solutions pour faire face à la situation.

Souvenons-nous des concertations étroites et fréquentes de divers réseaux intéressés à la promotion du logement social et communautaire. Elles réunissaient le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la Confédération québécoise des coopératives d’habitation (CQCH), l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ), la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM), ainsi que les villes de Québec et de Montréal. Lors de la campagne électorale de l’automne 1994, ces concertations ont amené le PQ à prendre des engagements en faveur du développement de nouveaux logements sociaux.

Souvenons-nous du mouvement des femmes qui, en 1995 dans le cadre de la marche Du Pain et des roses, a fait la promotion d’un retour à un État plus social notamment en proposant le retour à la construction de logements sociaux.

Sur la scène fédérale, la reprise du pouvoir par le Parti libéral du Canada en 1993 a été marquée par un programme d’assainissement des finances publiques en sabrant à la fois dans le Programme d’assurance-chômage (devenu assurance-emploi) ; dans les transferts de ressources financières et fiscales aux provinces ; et dans sa participation au financement des initiatives de logement social lancées par les provinces et les territoires.

L’année 1994 s’est ainsi avérée être une date charnière puisqu’elle a marqué la fin abrupte de la participation du gouvernement fédéral au cofinancement de nouveaux programmes provinciaux et territoriaux de logement social.

Souvenons-nous enfin des deux sommets de 1996 qui ont donné lieu à des échanges vigoureux, qui ont généré une série de politiques sociales et économiques structurantes pour les années qui ont suivi. Pour la première fois, les acteurs de la société civile, dont ceux de l’économie sociale, du mouvement communautaire, du mouvement étudiant, du mouvement féministe, du mouvement du logement social et des milieux de l’éducation se sont joints aux acteurs habituellement invités à de telles rencontres, c’est-à-dire les représentants patronaux, syndicaux et les élus des différents partis politiques provinciaux.

Ces actions, ces mobilisations, cette prise de conscience ont amené plusieurs approches de solutions en faveur du logement notamment la création du Fonds québécois d’habitation communautaire (FQHC) et la mise sur pied du programme AccèsLogis que nous devons d’ailleurs préserver.

Je nous souhaite, face à la situation actuelle une mobilisation sans précédent pour arriver à une vision d’ensemble et proposer des solutions comme une politique globale en habitation communautaire, où chaque partenaire, chaque intervenant, chaque mouvement pourra apporter sa pierre.

La Caisse d’économie solidaire, la Caisse du mouvement Desjardins spécialisée en économie sociale et en habitation communautaire, y participerait de façon très active avec plaisir et empressement.

Elle pourra aussi bénéficier de l’appui du Mouvement Desjardins tout entier. Il y a quelques mois, lors d’une assemblée à laquelle assistaient les directeurs généraux et les présidents du mouvement Desjardins, un directeur de caisse a demandé au président Guy Cormier ce que le mouvement pouvait faire pour le logement communautaire.

La réponse n’a pas tardé, comme si la question était attendue. M. Cormier a annoncé que le mouvement Desjardins en collaboration avec la Caisse d’économie solidaire travaillera sous peu à la constitution d’un vaste fonds devant permettre de contribuer au développement de ce secteur.

Or, la Caisse solidaire travaille en ce moment avec la Fédération Desjardins pour assouplir l’approche de financement du logement communautaire.

Le mouvement Desjardins et la Caisse solidaire non seulement appuient votre modèle de développement, les solutions que proposent le milieu et elles entendent innover avec des propositions concrètes visant à soutenir les solutions.

La crise, c’est maintenant. Les solutions doivent être pour aujourd’hui et pour demain.

Heureux de vous soutenir en ce sens.

Martin-Pierre Nombré
Directeur du développement stratégique,
Caisse d’économie solidaire Desjardins