19 juin 2020

De 7 à 77 ans (et plus), tous et toutes peuvent se fier à Rinette Kennedy

Conductrice d’autobus scolaire à temps plein et directrice bénévole d’un projet d’habitation pour personnes retraitées, Rinette Kennedy ne ménage pas ses efforts pour faciliter la vie de ses concitoyennes et concitoyens de Saint-Marc-du-Lac-Long. « Je veux être proche des gens de la communauté », dit celle qui côtoie plusieurs générations, de la plus tendre enfance ou aux jours dorés de la vieillesse.

Cela fait vingt ans qu’elle intercale les voyagements d’élèves de la maternelle, de l’élémentaire et du secondaire des écoles de Saint-Marc et de Rivière-Bleue avec la supervision de la bonne marche du Domaine Belle-Vie, un OSBL d’habitation de 17 logements pour 55 ans et plus qui se situe au cœur de Saint-Marc, au Témiscouata.

Au milieu des années 2010, Rinette Kennedy a été brièvement mairesse de la municipalité pour laquelle elle a été conseillère municipale durant 19 ans. C’est d’ailleurs à ce titre qu’elle est entrée au conseil d’administration du Domaine Belle-Vie, un poste étant réservé à une représentante de la municipalité. À la fin de son mandat d’administratrice, elle a été priée de demeurer en tant que directrice, « pour continuer le bon travail », lui a-t-on dit à l’époque.

Ce bénévolat est loin d’être une partie de plaisir, car au-delà des menues affaires de tuyauterie ou de déneigement dont elle a la responsabilité, l’OSBL d’habitation connaît des difficultés depuis quelques années. La vacance de quelques logements entraînant des pertes de revenus, l’organisme qui était autrefois une résidence pour aînés (RPA) certifiée, a dû réduire le panier des services offerts aux locataires (comme l’aide domestique et la distribution de médicaments) et renoncer ainsi à sa « certification RPA »… ce qui l’a rendu moins attirant pour les personnes aînées dont la perte d’autonomie devient plus sérieuse.

Mme Kennedy analyse ainsi la situation : « Avec l’extension des soins à domicile, les gens restent plus longtemps dans leur habitation familiale et vivent leur perte d’autonomie progressive dans leur maison. Quand ils ne sont plus capables, ils déménagent directement dans un CHSLD. Les petites résidences comme les nôtres, dont la clientèle cible sont les retraités autonomes et semi-autonomes, occupent un créneau qui est de plus en plus étroit. » Beaucoup sont à la recherche de logement où il y a des soins infirmiers.

Avec l’aide du CISSS du Bas-Saint-Laurent et de la Fédération des OSBL d’habitation du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles (FOHBGI), l’OSBL explore la possibilité d’étendre ses activités pour englober un nouveau profil de locataires (que l’on nomme « volet 3 » dans le jargon de la Société d’habitation du Québec), c’est-à-dire l’offre de logements pour des personnes ayant des besoins spéciaux en matière de logement, des logements dont l’exploitation nécessite une collaboration étroite avec le réseau de la santé et des services sociaux. « L’avantage pour ces personnes est qu’elles n’ont à payer que 25 % de leur revenu pour le loyer, le gouvernement assurant le restant », explique Mme Kennedy. Cela devrait grandement faciliter la recherche de locataire et relancer le Domaine Belle-Vie.

« Je fête mes 20 ans d’implication cette année, en même temps que le RQOH », plaisante-t-elle. Qu’est-ce qui la motive ? « Ce sont les gens qui sont là qui me donnent le goût de continuer. Les personnes âgées sont comme ma famille, j’ai un très bon rapport avec elles. D’ailleurs plusieurs m’appellent leur “maman” ! »

Questionnée sur la Covid-19, elle se fait philosophe. « C’est certain que dans un milieu “aîné”, on se bat tout le temps contre la maladie et les décès. Mais la région du Témiscouata, précise-t-elle, comme l’ensemble du Bas-du-Fleuve, a été largement épargnée par la pandémie et n’a eu à déplorer aucun décès jusqu’à aujourd’hui. » La principale conséquence de la pandémie a été la coupure des contacts avec la province du Nouveau-Brunswick, qui s’est refermée comme une huître. « De nombreuses familles ont des liens qui traversent la limite entre les deux provinces, distante de seulement quelques kilomètres, et les visites ont été suspendues. Plusieurs personnes ont souffert de l’isolement. »

David Escaich, conseiller en gestion et en soutien communautaire à la FOHBGI, parle en des termes élogieux de notre bénévole. « Rinette Kennedy est une personne qui ne recherche ni la renommée ni les honneurs, et elle ne serait pas présentée d’elle-même comme la vedette d’un reportage du RQOH ! Cependant, ici à la fédération, nous savons toute l’énergie et le temps qu’elle met pour la sauvegarde du Domaine Belle-Vie et nous croyons qu’elle mérite bien que les projecteurs soient tournés un peu vers elle. »

La principale intéressée ne contredit pas ce tableau d’une femme humble et désintéressée. Nous l’avons interrogée une dernière fois pour être sûrs qu’on n’avait omis aucune question pour faire un portrait juste de son engagement, et elle a répondu sans l’ombre d’une hésitation : « Dites surtout que je suis bien soutenue par les membres du conseil d’administration [du Domaine Belle-Vie]. Quand j’ai des besoins, ils sont là. Une équipe formidable. » Dont acte.