22 mai 2025

Des nouvelles de l’Abitibi-Témiscamingue

En plus de regrouper et de défendre les intérêts des huit fédérations régionales, le RQOH représente la vaste région non fédérée de l’Abitibi-Témiscamingue. Si la situation des OSBL d’habitation y était relativement stable jusqu’à récemment, plusieurs opérations de sauvetage d’organismes en difficulté se sont imposées au cours des dernières années.

Heureusement, notre collègue Matthias Berthet, chargé de projets immobiliers communautaires, qui consacre principalement ses énergies et son expertise à ce vaste territoire, a assuré la protection de plusieurs organismes membres et de leurs locataires.

Les projets sous gestion du RQOH permettent de préserver des organismes et des logements du parc communautaire aux prises avec de graves difficultés et de veiller à leur pérennité, notamment en évitant la vente ou la dissolution des entités.

> Préservation du parc immobilier

Les mécanismes de préservation du parc immobilier communautaire sont nombreux. Qu’il s’agisse de reprise en charge des finances, de stabilisation des conseils d’administration, de mutualisation de certaines activités ou de fusion d’organismes, les actions posées permettent de réaliser des économies d’échelle et de renforcer les acquis organisationnels.

Il importe de s’assurer que les services soient rendus et que les enjeux se règlent, tant au niveau humain que structurel. La mutualisation d’activités, qu’il s’agisse de parrainage, de gouvernance, de ressources ou de fournisseurs, se matérialise plus aisément lorsqu’il y a proximité géographique.

Matthias Berthet estime qu’un minimum de cinq ans s’impose pour viabiliser un projet d’économie sociale en difficulté. Il juge également crucial d’assurer l’occupation optimale des bâtiments, c’est à dire que tous les logis y soient loués.

Matthias Berthet

Les prix des loyers étaient parfois si faibles que les organismes se retrouvaient en difficulté financière. Il était alors complexe d’assurer les dépenses en raison du peu de revenus disponibles.

> Portrait de l’intervention du RQOH en Abitibi

Le RQOH offre des services directs dans six immeubles, pour un total de cinq organismes desservis dans deux régions du Québec.

Cinq de ces immeubles sont situés à Rouyn-Noranda. Le RQOH souhaite jouer un rôle par l’intermédiaire des OSBL qu’il soutient localement dans l’opération de relocalisation de 200 ménages de la zone tampon du quartier Notre-Dame. Une partie de cette relocalisation pourrait voir le jour grâce au projet d’écoquartier « secteur Sénator » orchestré par la municipalité.

Au Bas-Saint-Laurent, la situation s’est stabilisée. Les organismes qui rencontraient des difficultés sont désormais accompagnés par la FOHBGI.

Un organisme de Rouyn-Noranda développe pour sa part une démarche de mutualisation entre trois OSBL d’habitation (totalisant 5 immeubles) de la municipalité, à l’aide notamment d’un financement du Centre de transformation du logement communautaire (CTLC) . Il y a présentement deux organismes en situation de parrainage.

> Progression de l’itinérance

En janvier dernier, l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue (ALOCAT) redoutait déjà les hausses de loyers moyennes annoncées dans la région, alors que la SCHL annonçait, en 2024, des augmentations de 11,8 % à Val-d’Or, de 14,8 % à Rouyn-Noranda et de 16,5 % à Amos. C’est dans ce contexte que le TAL a autorisé une hausse moyenne à 4 % pour un logement non chauffé. Le 5,9 % annoncé récemment complexifie la situation pour de nombreux locataires. Au même moment, à Rouyn-Noranda, les refuges étaient déjà remplis depuis plusieurs mois. Quelques matelas supplémentaires ont même été ajoutés. La Piaule de Val-d’Or était pour sa part presque à pleine capacité.

> Limites de l’opération

Dans ce contexte, le phénomène de l’itinérance gagne du terrain. Des données recueillies lors du recensement du 23 mars dernier démontrent en effet une hausse de 15 % des personnes hébergées dans des ressources pour personnes itinérantes. En effet, les lieux d’hébergement sondés estiment à 211 le nombre de personnes en situation d’itinérance dans la nuit du 23 avril 2024. Cela représente une hausse de 72 % par rapport à l’exercice réalisé deux ans plus tôt.

Aussi, ces chiffres ne tiennent compte que de 11 des 18 ressources du territoire (celles ayant accepté de se prêter à l’exercice), ce qui laisse croire à un bilan encore plus sombre. Ces données excluent aussi les gens habitant l’espace public et les personnes en situation d’itinérance cachée.

> Le modèle communautaire comme solution

Heureusement, les OSBL d’habitation offrent à ces individus des alternatives à la rue. Parmi les projets desservant ces personnes en situation de précarité, notons la Maison du Compagnon de La Sarre. L’organisme propose des services de dépannage, du soutien psychosocial, des repas et quelques lits d’urgence dans un bungalow. Depuis l’été dernier, on y construit une salle communautaire et des chambres.

En tant qu’actrices de l’habitation communautaire, les directrices générale et financière de l’établissement font preuve de détermination et de résilience. Des qualités qui permettent souvent d’ajouter un filet de sécurité dans la collectivité.

Katia Brien-Simard
Agente de communication