> L’équilibre précaire des RPA-OSBL : peut-on encore sauver celles qui restent ?
Tous les mois, les employés de la fédération du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles sont en communication avec des directeurs ou administrateurs de résidences pour aînés (RPA) en détresse. La situation est critique, voire catastrophique pour plusieurs résidences. Certaines pourraient fermer définitivement leurs portes, abandonnant des dizaines ou même des centaines des personnes âgées à leur sort, d’autres vendues au privé et laisser nos aînés devant le fait accompli; leur bail ne serait pas reconduit ou les augmentations de loyer trop substantielles pour leurs faibles revenus. Chaque fois, des drames humains se jouent.
> Comment en est-on arrivé là ?
La situation n’est pas nouvelle, mais que s’est-il passé pour que ce soit de plus en plus fréquent? De l’aveu de Gervais Darisse, président du conseil d’administration de la Résidence Desjardins de Saint-André-de-Kamouraska, c’est le sort qu’on a réservé aux personnes âgées lors de la crise de la Covid-19 qui serait entre autres à blâmer.
Forcer nos aînés à se cloîtrer dans leurs appartements aurait été perçu comme un désaveu envers leurs capacités décisionnelles. Serait-on assez vieux un jour pour que l’on brime nos droits sans égard à notre opinion? Certains se sont posé la question. Appliquées dans un souci de prévention et, en a-t-on dit : « d’amour pour nos aînés », les restrictions sanitaires qui ont été imposées dans les RPA ont tout de même carrément démotivé certaines personnes qui, jusque-là, restaient actives et impliquées dans leurs milieux de vie. Du moins, c’est ce qu’on nous rapporte.
De plus, elles sont de moins en moins nombreuses, les personnes âgées qui veulent habiter en RPA. Pourquoi y aller si c’est pour leur enlever la liberté qui leur reste, certaines se disent-elles ? Des dizaines de logements peuvent donc être vacants dans une résidence. Cela représente un immense défi financier pour celles-ci. Tant mieux si on a des réserves monétaires, mais la situation doit se résorber si l’on veut que la résidence ait des chances de survie
> Où est la relève ?
Les aînés ne sont pas seulement des résidents. Nombre d’entre eux sont également administrateurs de RPA sans but lucratif. Avec le moral affaibli, il est difficile, voire impossible, de les motiver à s’impliquer, à être présents. Or, l’apport des bénévoles est crucial dans le bon fonctionnement d’un OSBL d’habitation. Ce sont eux qui sont au front lorsque les employés manquent, faute de pénurie de main-d’œuvre. Ils déneigent les trottoirs qui entourent les résidences lors des tempêtes pour assurer la sécurité des résidents si le personnel ne rentre pas travailler ou ils vont aider en cuisine pour s’assurer que les résidents aient leurs repas si le personnel est absent. Ce sont aussi eux qui, lorsqu’ils sont administrateurs, encaissent les coups lorsque rien de va plus.
Qui est responsable du fonctionnement de la RPA si les employés ont démissionné devant l’impasse? Les administrateurs? Il est donc impératif de les garder en nombre suffisant au conseil d’administration, de maintenir leur intérêt et que la situation ne se dégrade pas trop à la résidence pour les garder en poste.
> Le cas de la Résidence Desjardins
La Résidence Desjardins de Saint-André-de-Kamouraska vit les mêmes difficultés que les autres RPA. Elle est aux prises avec la pénurie de main-d’œuvre, malgré les efforts de recrutement. Les personnes âgées désertent davantage la Résidence depuis le début de la pandémie. La relève n’est pas au rendez-vous pour le conseil d’administration vieillissant, à qui les capacités et le dynamisme font défaut. D’ici un an, si ces effets perdurent, la RPA sera en grande difficulté.
Darisse est bien décidé à sauver cette RPA. Il a mis sur pied un comité ad hoc avec comme seul mandat de se préoccuper de l’avenir de l’OSBL. Il veut faire face aux défis avec toute la population locale à ses côtés. Plusieurs activités de mobilisation sont prévues au printemps pour éviter la fermeture de cette résidence. Un plan d’action a été préparé avec comme seul objectif de recruter des aînés prêts à être bénévole ou à venir habiter dans la RPA. Même les citoyens du Club des 50 ans et + local se sont investis dans cette cause en participant aux rencontres.
Il reste maintenant à les informer et à les motiver. « Si les personnes âgées attendent que leurs capacités soient trop affaiblies pour venir rester chez nous, la résidence n’existera simplement plus lorsqu’elles se décideront à faire le saut. Il faut un mouvement de masse pour la sauver », affirme M. Darisse. En espérant, d’ici là, que son message sera entendu.
Votre OSBL d’habitation est aux prises avec des difficultés semblables ? Notre équipe vous accompagnera pour faire face aux enjeux qui se présentent à vous. Contactez-nous au fohbgi@rqoh.com ou au 418 867-5178.