À la défense de l’immigration
Un éditorial de Stéphanie Grandmont, paru dans La Presse, arguait que les immigrants font justement partie de la solution à la crise du logement.
L’éditorialiste y rappelle que si la population avait, pour une première fois dans son histoire, augmenté de plus d’un million en 2022 (+2,7 %), et que le phénomène est principalement attribuable à l’immigration.
Elle estime qu’en intégrant mieux les personnes immigrantes dans l’industrie de la construction du Québec, qui aurait besoin de 12 000 travailleurs supplémentaires, les immigrants pourraient faire une différence positive en matière d’habitation.
Mme Grandmont précise que les travailleurs étrangers ne composent que 8 % de la main-d’œuvre dans ce domaine. Et pour cause, la reconnaissance des acquis est ardue et les cartes de compétence sont difficiles à obtenir. Selon les données de l’Association de la construction du Québec (ACQ), la province aurait accueilli seulement 1,2 % des 8 548 travailleurs étrangers temporaires ayant contribué à l’industrie canadienne de la construction.
La journaliste croit également que la Commission de la construction du Québec (CCQ) devrait rendre ses processus d’accueil plus prévisibles et qu’il importe de valoriser les compétences des travailleurs potentiels déjà installés sur le territoire.
Un raccourci dénoncé
Même son de cloche du côté de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), qui a publié, en décembre dernier, un billet sur l’impact de l’immigration sur la crise du logement que traverse le pays.
Celui-ci rappelle que les immigrants ne sont à l’origine que d’une faible part de la nouvelle demande pour des logements et que ces personnes ne vivent pas forcément seules.
Si l’argument des détracteurs était fondé, une ville comme celle de Montréal, qui accueille une masse critique d’immigrants, n’aurait pas le taux d’inoccupation le plus élevé des municipalités de plus de 100 000 habitants sélectionnées par Statistique Canada dans le cadre de son enquête sur les logements locatifs (2022).
En effet, alors que la majorité d’entre elles présentent des taux d’inoccupation sous la barre du 1 %, Montréal atteint pour sa part 2 %, ce qui se situe tout de même en deçà du seuil d’équilibre (Statistique Canada, 2022).
Facteurs aggravants
L’IRIS évoque les phénomènes ayant plongé le Québec dans un état de crise, et au premier chef, le déficit de construction de logements sociaux qui a déséquilibré le marché depuis les années 1990.
S’ajoutent à ce facteur la hausse des loyers et des prix immobiliers, les évictions frauduleuses, la spéculation, sans compter la régulation laxiste concernant la location à court terme.
La présence, dans les grandes villes, de fonds d’investissement et de sociétés de gestion d’actifs, pour lesquels les profits sont primordiaux, fait également grimper le coût des loyers.
Ainsi, les immigrants, dont les revenus sont plus faibles, en moyenne, et qui subissent davantage de discrimination en matière de logement, demeurent des victimes de la crise.