Le Collectif régional de lutte à l’itinérance en Outaouais, dont est membre le Regroupement des OSBL d’habitation de l’Outaouais, alerte dans un communiqué de presse les autorités sur les impacts socioéconomiques de la pandémie pour les personnes itinérantes et ceux et celles qui interviennent auprès d’elles.
Gatineau, le 21 avril 2020 – Depuis maintenant plus de cinq semaines, le Québec est en état d’urgence sanitaire. Cependant, il est important de se rappeler qu’au travers de cette situation, la crise du logement en Outaouais continue d’agir en trame de fond, complexifiant la lutte à l’itinérance et à la propagation de la pandémie. Les impacts sont nombreux : familles dont les hébergements d’urgence sont complexifiés, réorganisation des protocoles d’intervention, etc.
Alors que les organismes communautaires craignent les impacts socioéconomiques de la COVID-19 (sécurité alimentaire, itinérance cachée, pertes d’emplois, conflits dans les logis, etc.), l’urgence actuelle d’une crise sanitaire à l’intérieur d’une crise du logement prend toute la place. Bien que depuis des semaines, les partenaires municipaux, le CISSSO et les organismes communautaires collaborent efficacement afin de mettre en place une pluralité de mesures pour répondre aux différents besoins, plusieurs inquiétudes demeurent.
Par exemple, alors que les mesures d’hébergement d’urgence de type « dortoir » se sont déployées rapidement, plusieurs citoyens en situation d’itinérance en craignent les risques sanitaires et préfèrent, avec l’arrivée du beau temps, camper en tente. Sous un règlement municipal qui en fait l’interdiction, il peut potentiellement devenir difficile pour les travailleurs d’assurer la sécurité physique et sanitaire de ces personnes. Considérant la crise du logement, et donc notre incapacité situationnelle à reloger ces personnes dans des délais raisonnables, les organismes communautaires membres du CRIO demandent à la Ville de Gatineau d’aller plus loin que sa tolérance actuelle et de mettre officiellement un moratoire sur les éventuels démantèlements de campements. Nous croyons que de cette façon, il sera possible d’assurer plus efficacement les mesures de sécurité sanitaire, l’éventuel dépistage, la sécurité alimentaire et le suivi psychosocial à ces citoyens. À situation exceptionnelle, il faut une mesure exceptionnelle.
Il est aussi urgent d’offrir aux personnes au système immunitaire affaibli ou plus à risque devant la COVID-19 une solution différente que la vie en dortoir. Les autorités et les partenaires s’affairent actuellement à des solutions durables de sorties de l’itinérance, ce que les organismes communautaires saluent avec joie. En revanche, il est important d’assurer qu’en attendant que ces solutions soient accessibles, ces individus puissent avoir accès rapidement à un endroit où ils seront moins à risque de contracter le virus. Il est temps de sortir encore davantage des cadres, selon les besoins des personnes ou des ménages : chambres d’hôtel ou individuelles, résidences universitaires, etc.
Il est également crucial de poursuivre et d’intensifier le travail d’arrimage entre les secteurs du logement social avec soutien communautaire et les autorités en santé et en services sociaux afin de mieux coordonner les prochaines actions à long terme et de supporter le contexte de crise actuelle dans ces organismes. Il y a urgence d’agir.
Le site du Collectif régional de lutte à l’itinérance en Outaouais : http://lecrio.org/