28 mai 2018
Ottawa doit annoncer sous peu de quelle manière il entend appuyer les personnes qui sont sans abri ou sont susceptibles de le devenir. Il doit statuer sur les nouvelles orientations à donner à la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance à la suite du dépôt le 19 mai du rapport final du Comité consultatif sur l’itinérance.
Ce rapport préconise dans son ensemble la poursuite de l’approche Housing first, une approche imposée coast to coast par le gouvernement Harper et fortement critiquée au Québec. Dans une tribune publiée ces jours-ci, Jimena Michea, coordonnatrice du Regroupement pour l’aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ) et Pierre Gaudreau, directeur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), expliquent ainsi l’approche québécoise, plus souple et plus globale :
« La pauvreté, le coût des logements, des problèmes de santé mentale, de toxicomanie, la faiblesse des réseaux personnels s’entrecroisent pour créer et entretenir l’itinérance. La complexité du phénomène de l’itinérance oblige à adapter à la multitude de réalités vécues et à prendre en compte l’ensemble des dimensions de la vie de la personne. »
Le RQOH partage les préoccupations exprimées par le Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ), qui réitérait, dans un communiqué émis le 18 mai, « l’importance d’un programme fédéral souple, doté d’une vision globale de l’itinérance et à l’écoute des communautés ». Le RSIQ favorise le déploiement d’une approche globale déployant différents moyens d’intervention déterminés pas les communautés incluant des actions en prévention de l’itinérance.
Les OSBL d’habitation, qui se sont donnés comme mission de garantir une offre de logements salubres, sécuritaires et accessibles, jouent un rôle majeur dans la lutte à l’itinérance. Plusieurs organismes proposent du soutien communautaire, soit un ensemble d’actions visant l’appui social des individus ou des groupes, qui vont de l’accueil et de la référence à l’accompagnement auprès des services publics. Il s’agit de permettre aux individus d’exercer leur citoyenneté dans un environnement tolérant et de bénéficier d’un soutien adapté pour y parvenir. Enfin, une attention particulière est portée aux questions de socialisation et d’entraide, car les personnes en situation d’itinérance sont souvent aux prises avec des situations très complexes, qui imbriquent des problèmes de pauvreté, de dépendance aux drogues ou encore une désaffiliation.
Cette approche favorise donc une prise en charge communautaire, afin de favoriser la stabilité résidentielle des individus. Elle englobe une grande diversité d’interventions. Ces dernières se situent à la fois en amont afin d’agir sur les causes structurelles pouvant amener à des situations d’itinérance et en aval, pour aider les personnes en situation d’itinérance, qu’elle soit chronique, épisodique ou cyclique. Pour conclure, les OSBL d’habitation proposent une intervention souple, adaptée aux réalités de chaque territoire, respectueuse de l’autonomie des organismes et des individus, effectuée en partenariat avec les services sociaux et principaux intervenants.