19 septembre 2018

La CAQ s’avance enfin sur la question du logement social

Après plusieurs semaines de silence, la Coalition Avenir Québec fait peu à peu connaître les dispositions qu’elle entend prendre si elle était portée au pouvoir. Dans une entrevue au journal Métro le 18 septembre, François Legault affirme être « conscient qu’il y a un manque de logement social ». À savoir si la CAQ était prête à répondre positivement à la demande du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui estime qu’il faut construire 50 000 logements sociaux au Québec au cours des cinq prochaines années, le chef caquiste répond : « Il faut voir les besoins de l’ensemble du Québec, mais j’ai une ouverture, oui. »

Une ouverture confirmée le même jour par le candidat de la CAQ dans Lévis, François Paradis, qui s’est engagé à « rattraper le retard pris par les libéraux et donc de sortir les 14 000 unités déjà inscrites dans les budgets ». M. Paradis fait référence à un vrai problème : le gouvernement sortant n’a pas livré les unités annoncées dans ses budgets annuels et 14 000 logements dont la construction est en principe approuvée sont en quelque sorte gelés dans la machine.

François Paradis et son collègue Marc Picard, candidat dans Chutes-de-la-Chaudière, étaient rencontrés par une délégation de la Concertation logement Lévis, dont fait partie la Fédération des OBNL d’habitation de Québec–Chaudière-Appalaches.

Pour répondre aux besoins des 480 000 ménages locataires en situation de vulnérabilité au Québec, c’est un réinvestissement massif dans le développement qu’il faudra effectuer. Le seul engagement ferme de livrer les unités bloquées est en soi nettement insuffisant, car ces habitations une fois bâties n’arriveront même pas à ralentir le rythme d’accroissement du déficit de logements sociaux. Il ne s’agirait autrement dit que d’un rattrapage.

Paradoxalement, si ce rattrapage était effectué dans un premier mandat, cela représenterait davantage d’unités que le programme AccèsLogis n’en a jamais construit en quatre ans – ce qui démontre bien la crise profonde que connaît ce programme de développement. Questionné justement au sujet de la réforme d’AccèsLogis entreprise – mais jamais conclue – par le gouvernement sortant en dépit des consensus établis entre les partenaires, Marc Picard a indiqué qu’un gouvernement de la CAQ irait de l’avant sur cette base : « On ne reculera pas sur ce qui a été positivement reçu par les acteurs du milieu. »

Des élus de la CAQ ont eu l’occasion, déjà, de constater comment le modèle de logement sans but lucratif répond aux besoins des communautés, notamment pour les aînés. En chambre, François Paradis a interpellé à de nombreuses reprises les députés et ministres à ce sujet. Lorsque mis en face des enjeux relatifs aux aînés et à l’habitation, à savoir les coûts pour l’installation des gicleurs, l’impact de la certification pour les petits OBNL et le mode de calcul du crédit pour maintien à domicile, monsieur Paradis a d’ailleurs pris un engagement : « Tout en maintenant les normes de sécurité actuelles, un gouvernement de la CAQ fera ce qu’il faut pour qu’aucune résidence ne soit contrainte de fermer ses portes. » Lors de ses visites dans Portneuf et dans Bellechasse, il a pu constater le lien entre dévitalisation des régions et déracinement des aînés. « Plusieurs des maires [que j’ai] rencontrés ont insisté sur leur besoin en OBNL d’habitation et que ce type de tenure était souvent le seul à répondre au maintien des aînés », a dit M. Paradis.

Au-delà de cette ouverture, les acteurs du secteur du logement social et communautaire vont assurément batailler ferme, au lendemain de l’élection d’un éventuel gouvernement caquiste, pour la relance et la bonification du programme ACL.