Dans la foulée des efforts du RQOH pour améliorer la visibilité du secteur du logement communautaire et positionner le logement sans but lucratif comme une solution de choix pour assurer le droit au logement au Québec, notre réseau s’est rapproché de Geneviève Everell dans l’espoir de la voir se joindre à nous… ce qu’elle a accepté !
Comme une bouteille à la mer, la directrice générale du RQOH Chantal Desfossés lui a d’abord adressé une lettre en avril, lui disant à quel point elle était touchée par son parcours remarquable et son histoire personnelle. « Vous vous êtes confiée sur les difficultés que vous avez vécues durant votre jeunesse, et particulièrement de l’impact sur votre vie de la précarité et du logement. Je crois que votre voix pourrait faire grandement avancer la perception des Québécois et des Québécoises sur l’importance capitale du logement communautaire et social. De plus, elle pourrait être source d’inspiration auprès de nos jeunes pour qui rêver peut faire toute la différence. »
Geneviève a été touchée lorsqu’elle a reçu la lettre : « Ça rejoint tellement ce que j’ai vécu et ce que je vis. Mon père vit dans un logement social, pour moi ce n’est pas de l’inconnu. » Tout semble sourire à cette cheffe autodidacte, gestionnaire, mère de famille et restauratrice et créatrice de produits gourmands dont les « bouchées de bonheur » font fureur. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
« J’ai été élevée par une mère toxicomane et prostituée, elle-même abandonnée par mon père alcoolique, nous raconte-t-elle. J’ai connu toutes sortes de situations quand j’étais jeune, l’appartement où ma mère vivait avec un chum violent, les refuges pour femmes où j’ai fait avec elles quelques séjours, une famille d’accueil abusive d’où je me suis enfuie pour retourner vivre avec ma mère dans la piquerie où elle se prostituait pour payer sa drogue. »
Le nom de Geneviève Everell a surgi naturellement quand le RQOH cherchait une personne, connue du public ayant le cœur à la bonne place. Une personne qui, parce qu’elle a connu l’instabilité et les revers, sait de quoi elle parle lorsqu’il est question des difficultés de vivre dans un foyer inadéquat. Une personne qui est parvenue à surmonter dans la dignité des obstacles qu’on peine à imaginer, et qui a maintenant la volonté de redonner au monde.
La mission que nous cherchions à faire accomplir par une « ambassadrice du RQOH » est double : faire connaître auprès du public la difficulté d’avoir accès à un logement abordable pour des ménages à revenus faible ou moyen ou présentant des vulnérabilités – tant à cause de la rareté que de la cherté des logements; et faire la promotion d’un modèle éprouvé pour faire face à cette difficulté, le logement communautaire.
En juin 2021, lors de l’entretien Zoom au cours duquel nous lui avons détaillé notre plan, Geneviève Everell a spontanément répondu : « Ça me tente, parce que ça me touche beaucoup » – alors qu’on entendait en bruit de fond tout le bourdonnement d’une équipe à l’œuvre dans les cuisines du comptoir de la rue Ontario !