Depuis 2018, la Corporation du logement communautaire du Québec a pour mandat de réchapper les projets de logement communautaire faisant face à de graves difficultés et les remettre sur le chemin de la durabilité. Créé par le RQOH en concertation avec les acteurs du milieu, ce nouvel outil peut intervenir dans les cas les plus complexes, accompagner les groupes en difficulté et sauvegarder la mission sociale des immeubles. […]
L’essentiel des OSBL d’habitation ont un conseil d’administration bien engagé, réussissent le tour de force de maintenir à flot les finances et à entretenir adéquatement leurs immeubles et la vie communautaire. Il n’en reste pas moins que jongler avec tout cela est exigeant et qu’il est bien normal que sur les 54 000 logements OSBL du Québec quelques dizaines finissent par échapper la balle au bond. Pour éviter que ces faux pas occasionnels n’entraînent la perte de logements communautaires, le mouvement s’est donné un nouvel outil pour compléter le travail des fédérations régionales et des services gouvernementaux : la COLOCQ.
Lancée et soutenue par le RQOH, la COLOCQ est elle aussi un OSBL d’habitation à part entière, mais pas seulement. Avec l’expertise du Réseau et des fédérations régionales, la COLOCQ peut intervenir de plusieurs façons différentes.
« Avec à peine un an d’existence, la COLOCQ a déjà su démontrer sa pertinence en intervenant auprès d’une dizaine d’organismes, raconte Luc Labelle, responsable de l’organisme. La plupart n’étaient pas membres de leur fédération régionale et avaient négligé d’utiliser les services et l’aide que celles-ci étaient en mesure d’offrir pour éviter de se trouver en situation de crise. »
Dans un des cas, l’organisme n’avait plus de conseil d’administration depuis plus d’un an. Luc Labelle relate qu’« après plusieurs années d’efforts à tenter un redressement, le conseil d’administration avait finalement pris la décision de démissionner. » Le créancier hypothécaire avait demandé à la Cour supérieure de mettre le groupe sous le contrôle d’un séquestre qui avait le mandat de gestion jusqu’à nouvel ordre. C’est dans ce contexte que la COLOCQ a su intervenir afin de mettre sur pied un nouveau CA et obtenir la fin du mandat du séquestre par la Cour.
Dans un autre dossier, la COLOCQ a pu intervenir in extremis avant la vente d’un immeuble de logement social. La vente de l’immeuble avait été pensée par le conseil d’administration comme solution pour sauver les deux autres immeubles du groupe. Étant encore sous convention avec la SCHL pour ces deux autres bâtiments, la Société fédérale a donc informé le RQOH et la fédération régionale qui ont décidé d’utiliser la COLOCQ pour le redressement. Une consultation du milieu a abouti au retrait des anciens administrateurs afin de laisser un nouveau conseil d’administration intervenir.
Finalement, un autre cas illustre bien la flexibilité de la COLOCQ. Un organisme administrant un immeuble de quatre logements n’arrivait plus à couvrir ses frais. La moitié des unités se trouvant vacantes depuis plusieurs mois, le conseil d’administration était à bout de souffle. « En plus du bénévolat offert par les administrateurs, rapporte Luc Labelle, certains avançaient de leur propre poche l’argent pour couvrir une partie des dépenses d’entretiens des logements ! » La COLOCQ a pu assurer une transition avec l’ancienne administration et mettre sur pied un plan d’intervention vers la pérennité de ce petit immeuble en lui garantissant des ressources humaines et matérielles dont la COLOCQ dispose.
Ces quelques exemples démontrent la pertinence de l’outil qu’est la COLOCQ. Puisque nous partageons l’intérêt de voir le parc de logements sociaux croître, il est impératif de ne laisser aucun immeuble existant disparaître ou être privatisé. Plus que des immeubles ou des logements, la COLOCQ existe afin de sauvegarder la vision collective et communautaire qui a permis de mettre sur pied ces projets en premier lieu.
Pour plus d’information, visitez le www.colocq.org.