1 mai 2013
Par Vincent Gamache, responsable du soutien communautaire. Fédération de Laval, Laurentides et Lanaudière des OSBL d’habitation (FLOH)
La Maison d’Ariane a comme mission d’accompagner les femmes et leurs enfants dans leur reprise de pouvoir sur leur vie dans un contexte de violence conjugale et de militer pour irradier cette problématique sociale. La Maison, localisée à St-Jérôme, compte 17 chambres, des intervenantes en service 24/7 et des services d’accompagnement et de suivi qui prennent plusieurs formes. Fondée en 1985, par des femmes bénévoles de la communauté et pour des femmes en difficultés, la Maison s’est ensuite spécialisée pour les victimes de violence conjugale et a développé plusieurs services, depuis les dix dernières années.
On s’aperçoit rapidement que les défis sont importants malgré la progression impressionnante des dernières années. Les femmes qui arrivent à la maison d’hébergement travaillent sur un plan d’intervention et sont accompagnées par une intervenante. La période d’hébergement étant très courte, de 24 heures à deux mois et demi, se trouver un logement s’avère un rude combat dans une société où le logement est un besoin primordial pour avoir, chez l’individu, un réel pouvoir d’agir sur sa vie.
Or, ces femmes sont toujours dans des situations financières précaires lorsqu’elles quittent un conjoint violent. Se trouver un logement est source d’adversité, mais la situation se complique davantage lorsqu’on fait un portrait de ces femmes avec des prestations d’aide sociale qui ne sont pas indexées depuis un long moment, le salaire minimum qui augmente à un pas de tortue et la division sexiste du marché de l’emploi où les femmes sont très souvent pénalisées par leurs conditions de travail. Ceci est immense pour des femmes couramment confinées à des rôles typiques, qui se sont oubliées pendant plusieurs années. Il est capital de greffer au profil les conséquences personnelles d’une victime de violence conjugale : perte de confiance et d’estime de soi, problèmes physiques et parfois de santé mentale.
Lorsque les femmes évaluent leur option, avec la pauvreté à la porte, cela fait peur… Très peur. Fannie Roy explique que certaines décident de rester avec leur conjoint pour de multiples raisons, dont bien souvent la grande pauvreté qui les attend. Il est important de soutenir les femmes, quel que soit leur choix, et d’éviter de les juger.
La mobilisation, la prévention, la pression politique sont toutes des actions portées à la Maison d’Ariane afin d’éventuellement irradier l’horreur de la violence conjugale, mais y a-t-il d’autres pistes pouvant aider ces femmes? Fannie Roy ne cesse d’insister sur le besoin de logements sociaux dans le secteur des Laurentides. La coordonnatrice de La Maison d’Ariane aimerait voir une maison d’hébergement, dans le secteur des Laurentides, de plus longue durée avec des intervenantes qui soutiennent les locataires afin de les aider à se maintenir en logement. Ceci réduirait le sentiment de vertige causé par le fait de vivre seule en logement, en plus de permettre aux femmes de vivre une expérience positive et sécuritaire.
La Maison d’Ariane initie un mouvement pour répondre à la problématique des femmes victimes de violence conjugale, mais l’écart à pallier doit cependant venir de plusieurs niveaux, comme on l’a abordé précédemment.