Par Lyne Boileau, Ergonome et conseillère en prévention. Association québécoise des CPE (AQCPE)
Nous ne vous apprendrons rien de nouveau en vous disant que le meilleur moyen de réduire les risques dans votre établissement est de faire de la prévention. En effet, il est reconnu que la prévention permet de réduire non seulement les coûts financiers (cotisations CSST) mais elle a également des conséquences positives sur l’individu, notamment la diminution des souffrances associées aux lésions, l’amélioration des conditions de travail, la stabilité du personnel, la présence au travail, pour n’en nommer que quelques-unes.
Mais faire de la prévention, est-ce que ça fonctionne vraiment? Malheureusement, il est difficile de prédire combien d’accidents nous sauverons en faisant de la prévention, néanmoins, nous répondrons par une étude de la CSST faite il y a quelques années auprès de 38 entreprises du Québec. Cette étude visait à évaluer les résultats de l’application d’une démarche de prévention en entreprise tout en préconisant la participation des travailleurs. Cette étude s’est échelonnée sur une période de 4 ans et les résultats obtenus ont été comparés à l’ensemble des entreprises du Québec :
De 1995 à 1999 | Dans les entreprises | Dans l’ensemble du Québec |
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Nombre de lésions | Baisse de 54% | Baisse de 11,6% |
Durée de l’indemnisation | Baisse de 59% | Baisse de 5,1% |
Coût des lésions | Baisse de 57% | Baisse de 0,6% |
À la lumière de cette étude, nous sommes à même de conclure qu’il y a des gains financiers considérables. Malgré le fait que ces derniers sont souvent la principale motivation pour déclencher la mise sur pied d’un programme de prévention, il n’en demeure pas moins que les employés en bénéficient tout autant par une amélioration de leurs conditions de travail. En ce sens, faire de la prévention est sans aucun doute une formule gagnante-gagnante.
Avant de passer à l’action, il faut bien identifier nos risques. L’implication des travailleurs est essentielle et s’avère toujours profitable. Plusieurs moyens s’offrent à vous tels que les données d’accidents, sondage, questionnaire symptômes/douleurs, recueil des plaintes et suggestions du personnel, analyse de postes, listes d’inspection.
Dépendamment de la problématique identifiée, vous pourriez choisir de faire de la formation, de l’adaptation de poste, établir des critères d’achat concernant les équipements et produits, instaurer de nouvelles procédures et politiques d’entreprises ou opter pour des méthodes de travail sécuritaires.
Il s’agit de trouver des moyens ou des éléments de contrôle pour valider l’efficacité des correctifs apportés ou tout simplement pour s’assurer qu’ils demeurent en place. Par exemple, la formation d’un nouvel employé, la mise à jour des employés en place lors des évaluations de rendement, l’ajout d’éléments dans la liste d’inspection des lieux, des équipements de protection, etc.
Les trois étapes énumérées ci-haut vous rappellent-elles quelque chose? Eh bien oui, ce sont là les trois sections d’une fiche d’actions spécifiques! Les fiches d’actions spécifiques (aussi appelées FAS) font partie intégrante de votre programme de prévention tel qu’exigé par la CSST. Le programme de prévention est donc l’ensemble des actions, à caractère organisationnel ou opérationnel, mises en oeuvre sur une base continue. En soi, c’est la base de la prévention.
Ne soyez pas seul à prendre en charge le dossier santé et sécurité de votre établissement. Comme nous l’avons vu précédemment, la prévention est bénéfique pour tous et, en ce sens, chacun doit se sentir concerné. Qui plus est, selon la Loi sur la santé et sécurité du travail (LSST, art. 49 et 51), nous avons tous une obligation de participer à l’identification et à l’élimination des risques propres à notre environnement de travail. Alors, que ce soit par le traditionnel comité de santé et de sécurité (CSS) ou par des réunions plus informelles, déléguons et participons tous!
Il nous apparait important, avant de vouloir régler les différentes problématiques dans votre milieu de travail, de vous rappeler les bienfaits que peut apporter une démarche de prévention ainsi que les résultats qu’elle peut engendrer. Le fait de croire à la prévention et d’en faire une valeur propre à l’entreprise facilite grandement son instauration. Il y a une différence entre faire de la prévention par obligation (parce qu’une loi nous y oblige) et faire de la prévention parce que nous y croyons. Par analogie, c’est comme réduire sa vitesse dans une zone scolaire pour ne pas avoir de billet de contravention plutôt que par mesure de sécurité pour les enfants. Quoique les deux situations puissent donner les résultats escomptés (protéger nos enfants), vous conviendrez avec nous que la motivation à obtenir des résultats peut faire toute la différence à moyen et long termes!