Depuis deux ans, on sent un intérêt renouvelé parmi les réseaux de chercheurs et les acteurs du logement communautaire envers la recherche sur le logement. Alors que les besoins en termes de logements abordables et sécuritaires vont croissants et que les gouvernements développent de nouveaux programmes pour mieux y répondre, la production de connaissances et le partage de données probantes prennent d’autant plus d’importance. Voilà pourquoi un regroupement d’acteurs du logement abordable et du logement social ont constitué un organisme sans but lucratif voué à ces fins : le Consortium québécois de recherche sur le logement abordable.
Carrefour de recherches
La réflexion ayant mené à la mise sur pied du Consortium a été amorcée à l’initiative de l’Institut de recherche en économie contemporaine, un organisme fondé par l’ancien premier ministre du Québec, Jacques Parizeau. En 2017, l’IRÉC a réuni des partenaires intéressés par les enjeux liés au logement, dont le RQOH, pour discuter de la pertinence de créer un « carrefour de recherches », qui rapprocherait les acteurs et favoriserait l’élaboration d’un programme de travail commun.
« C’est un certain ralentissement des activités de recherche en matière de logement au cours des dernières années qui a poussé les participants à mobiliser les grands acteurs du secteur et à vouloir créer des ponts avec la communauté des chercheurs » explique le secrétaire général du RQOH, Jacques Beaudoin. La publication à l’automne 2015 d’un rapport du Directeur de santé publique sur l’abordabilité et la salubrité des logements à Montréal avait permis d’évoquer l’impact de la recherche sur la réflexion et l’action collectives en matière de politiques publiques. L’intérêt envers l’initiative ayant par la suite donné lieu à la constitution du Consortium s’est donc rapidement manifesté parmi les intervenants du secteur.
Ottawa et Québec aussi
La démarche amorcée par les organismes qui en sont à l’origine s’est déroulée parallèlement à une prise de conscience similaire dans les officines gouvernementales. Dans son budget 2017-2018, le gouvernement du Canada a en effet inclus des montants appréciables, spécifiquement attribués à la recherche et au cadre de statistiques publiques sur le logement. Cela s’est traduit par une série d’initiatives qui ont été incluses dans la Stratégie canadienne sur le logement, dévoilée par le premier ministre Trudeau et le ministre Jean-Yves Duclos en novembre 2017.
De son côté, la Société d’habitation du Québec a réaffirmé son appui au développement des connaissances en habitation, dans son plan stratégique qu’elle a rendu public au printemps dernier. Lors d’un forum organisé dans le cadre du colloque du RQOH Parce que l’avenir nous habite le 15 avril, son vice-président, Francis Mathieu, a souligné l’importance que la société d’État accorde à la recherche, que ce soit pour aligner les interventions publiques ou développer de nouveaux services en fonction des besoins et attentes de la population. La SHQ a d’ailleurs soutenu la démarche ayant donné lieu à la mise sur pied du CQRLA.
Pour le Consortium, la recherche constitue un moyen privilégié de « mieux comprendre les réalités associées au logement abordable au niveau des besoins à couvrir, des ménages à viser, du développement et de la gestion du parc immobilier, de même que des impacts du logement abordable » sur des enjeux comme la santé publique, l’intégration des personnes immigrantes, l’aménagement des collectivités ou l’occupation du territoire. Par son action, le Consortium souhaite contribuer à l’amélioration des conditions de logement des ménages québécois et de l’accessibilité des logements abordables de qualité, « spécialement pour les personnes et les ménages à revenus modestes ou qui font l’objet de discrimination ou d’exclusion sociale sur le marché du logement ».
Pour l’année 2019, le Consortium travaille à mettre en œuvre une première programmation de recherche, qui inclurait en outre deux études sur l’effet du logement social et communautaire sur la structuration du marché locatif et l’impact de l’accès à un logement à loyer modique sur la sécurité alimentaire des personnes qui y vivent. L’organisme souhaite aussi développer une collaboration soutenue avec les parties prenantes et les chercheurs des autres provinces canadiennes, dans le cadre notamment du Réseau conjoint de recherche en matière de logement que la Société canadienne d’hypothèques et de logement compte initier, en partenariat avec le Conseil de recherches en sciences humaines.
Le logement communautaire s’implique
L’implication du RQOH au CQRLA est un prolongement naturel de ses activités en matière de recherche et un moyen de partager des connaissances avec les partenaires provenant des autres composantes du logement social et communautaire. « Dans la mesure de ses moyens, le RQOH a toujours consacré un important volet de ses activités à la recherche, que ce soit pour recueillir des données sur les besoins et les pratiques des OSBL d’habitation ou pour mieux comprendre certains enjeux, comme par exemple les défis liés à la fin des accords d’exploitation avec le gouvernement fédéral », explique Jacques Beaudoin. « Les efforts que nous consacrons à ce titre contribuent certainement à la qualité des interventions du Réseau, reconnue par nos partenaires », d’ajouter celui qui occupe en outre la présidence du conseil d’administration du Consortium.
En plus du RQOH, ce dernier rassemble actuellement les organisations suivantes : l’Association des groupes de ressources techniques du Québec ; le Centre Léa-Roback sur les inégalités sociales de santé ; la Confédération québécoise des coopératives d’habitation ; la Direction de l’habitation de la Ville de Montréal ; la Direction régionale de santé publique de Montréal ; la Fédération des coops d’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain ; la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal ; la Fondation Lucie et André Chagnon ; l’Institut de recherche en économie contemporaine ; l’Office municipal d’habitation de Montréal ; le Regroupement des offices d’habitation du Québec ; la Société d’habitation du Québec (à titre d’observatrice) ; et la Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal.
Les travaux et les activités du Consortium feront l’objet de publications régulières sur le site Web du RQOH.