6 mai 2021

Le gouvernement continue de nier l’existence de la crise du logement

C’était hier à l’Assemblée nationale l’étude des crédits du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), où sont examinés chacun des éléments du budget des dépenses. L’étude des crédits est également l’occasion pour les oppositions d’obtenir des réponses écrites à une série de questions et de demandes qu’elles formulent au préalable au MAMH, à la SHQ et au Tribunal administratif du logement.

« On n’est pas du tout dans une situation de crise du logement », est évidemment la manchette qui fait la une de tous les médias, tant cette déclaration de la ministre Andrée Laforest est en contradiction flagrante avec la réalité que tout un chacun peut constater au jour le jour. Pour appuyer ses dires, la ministre a brandi un tableau avec des taux d’inoccupation que l’on pourrait croire favorables aux locataires si ce n’était de la réalité du coût des loyers – que l’on sait exorbitants. Le prix moyen des logements offerts à Montréal s’élève à plus de 1300 $ par mois, selon une enquête conduite par Le Devoir sur plus de 3000 petites annonces.

Parmi les informations révélées par l’étude des crédits du MAMH, il y a celle-ci, proprement ahurissante : seulement 620 logements sociaux ont été livrés en 2020-2021, en date du 28 février (le nombre définitif pourrait être légèrement plus élevé selon ce qui aura été réalisé en mars). « C’est loin du compte des 15 000 logements sociaux que la CAQ avait promis de construire durant son mandat », comme l’a rappelé le député de Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla, qui a fait un travail parlementaire remarquable dans ce dossier.

Certes, il faut reconnaître que le programme AccèsLogis pâtit de problèmes structurels qui rendent difficile la livraison des projets approuvés. Le RQOH prend également acte que le gouvernement a ajouté dans le budget présenté en mars 250 M$ additionnels pour accélérer la livraison de 5 000 logements qui sont « dans la machine », mais qui n’ont pas encore été complétés. Les résultats pourraient donc être à la hausse pour 2021-2022, et encore pour quelques autres années encore, mais il n’en reste pas moins qu’au vu de la crise actuelle (bien réelle), le chiffre de 620 est absolument désolant – et le fait que le gouvernement ne s’en inquiète pas l’est tout autant.

La formule des débats à l’Assemble nationale n’autorisant que quelques minutes à chaque député·e de l’opposition, il n’a pas été possible de savoir s’il est exact que la ministre Laforest envisage ouvrir le programme ACL au privé, comme elle le laissait entendre dans une lettre publiée dans les médias la semaine dernière.