Intitulé Impact du logement communautaire sur la productivité, le rapport de la firme Deloitte rappelle que l’accessibilité au logement s’amenuise depuis 20 ans au pays.
Pas moins de 2,6 millions de Canadiennes et Canadiens ont des besoins impérieux en matière de logement. La réduction de la proportion de logements communautaires sur le marché locatif explique, en partie, ce phénomène.
De plus, selon les données recueillies, le Canada a un enjeu de productivité au travail. La capacité de production, qui améliore le niveau de vie, s’en trouve diminuée.
Lien entre logement communautaire et productivité
Afin d’établir un lien entre le logement communautaire et la productivité, la firme chargée de l’étude a effectué une analyse documentaire afin d’en quantifier la croissance et la régression. Les données permettent donc d’établir une relation de cause à effet qui confirme la productivité associée aux logements communautaires.
Pour faire passer la moyenne de logis à celle des pays membres de l’OCDE, soit de 7 %, d’ici 2030, il faudrait ajouter 371 600 logements communautaires. Cela aurait pour effet d’accroître le PIB de 110 G$ à 179 G$. Il s’agirait d’une augmentation de 5,7 à 9,3% du PIB, alors que sa croissance annuelle oscille habituellement entre 1 et 3% (et dont les pôles sont 5 et –5%).
Bref, la recherche défend les investissements en logement communautaire, qui améliorent la capacité de production. Elle expose également l’importance de se pencher sur le financement adéquat des communautés autochtones, nordiques, rurales et hors réserve.
Recommandations
L’étude recommande ainsi d’augmenter considérablement les investissements dans le logement communautaire afin d’accroître le PIB. À titre d’exemple, une hausse de 1,5 % de la proportion de logements communautaires au Canada entraînerait une hausse du PIB d’entre 67 G$ et 136 G$.
Elle suggère aussi de créer une réserve stable de projets afin de favoriser la constance de la construction, en dépit des mises en chantier parfois faméliques.
Pour ce faire, un financement conséquent et des incitatifs financiers aux développeurs doivent être mis de l’avant. Il faut également, selon le rapport, permettre aux fournisseurs de rénover ou d’acquérir des logements existants.
Un financement spécifique pour les communautés autochtones hors réserve est également mis de l’avant. Le rapport rappelle les besoins criants qui nécessitent une intervention unique.
Une meilleure collaboration dans la lutte contre la crise permettrait d’améliorer l’accessibilité au logement et la productivité économique. Une plus grande cohésion entre les gouvernements, les acteurs et les défenseurs des droits est ainsi souhaitée. Cela pourrait notamment se traduire par des objectifs partagés, par une stratégie d’emplois liés au logement et par l’utilisation des terrains vacants.
Il faut innover pour construire plus vite, de façon plus efficace et à bon prix.
Qui plus est, le rapport indique qu’une réduction des coûts unitaires permettrait d’aller plus loin que ce que son étude suggère. La firme Deloitte nomme à titre de suggestions l’inclusion des nouvelles technologies, les logements préapprouvés et l’investissement des espaces sous-utilisés.
Le cas du Québec
Réputé pour l’abordabilité de ses loyers, le Québec connaît des problèmes d’accessibilité qui se sont beaucoup fait sentir depuis la pandémie de Covid-19. En effet, l’augmentation des prix des logements y a été plus rapide qu’ailleurs au Canada.
En 2021, les ménages québécois devaient consacrer en moyenne 39,5 % de leurs revenus au logement. Du jamais vu depuis 1991 !
La valeur monétaire du parc de logements communautaires par rapport au parc total de logements a également diminué, passant de 3,6 % à 2,3 %, entre 1961 et 2022. Elle se situe ainsi sous la moyenne canadienne depuis 1998.