3 février 2019
Le jeudi 31 janvier, la Chambre des communes a été le théâtre d’un long débat sur l’état du logement abordable au Canada. Un signe que les problèmes que vivent des centaines de milliers de ménages mal logés au Canada pourraient devenir un enjeu lors des élections qui se tiendront au pays le 21 octobre 2019.
Les membres de la Chambre débattaient d’une motion du Nouveau parti démocratique déposée par la députée néodémocrate de Saskatoon-Ouest, Sheri Benson, avec l’appui de Marjolaine Boutin-Sweet, députée d’Hochelaga-Maisonneuve. Une proposition demandant au gouvernement de « créer 500 000 logements abordables de qualité d’ici dix ans, et de s’engager dans le budget de 2019 à achever 250 000 de ces logements d’ici cinq ans ».
La teneur des débats, au cours desquels, outre les libéraux et les néodémocrates, les verts et les conservateurs sont également intervenus, laisse présager d’une attention particulière sur le logement dans les mois menant aux élections, ce qui est une bonne chose pour les personnes vivant dans des conditions difficiles au Canada.
Il est vrai que le gouvernement libéral a réussi à protéger de la débâcle le parc existant de logements sociaux en orchestrant le retour du gouvernement fédéral dans le secteur après vingt ans d’un laissé aller qui a coûté cher aux ménages vulnérables. Cependant il prête flanc à la critique sur ces questions, car en dépit du lancement de sa Stratégie nationale sur le logement le 22 novembre 2017, très peu de logements abordables ont été construits durant son mandat et la loi reconnaissant explicitement le logement comme un droit de la personne tant attendue ne s’est pas encore matérialisée. Les Libéraux ont réussi à mettre un frein à la dégringolade entamée sous les Conservateurs, mais ils semblent avoir manqué de temps pour renverser la vapeur et provoquer des changements probants dans la vie des personnes affectées.
Le débat à la Chambre des Communes, au-delà des positions des uns et des autres, met en lumière un certain consensus parmi les élus : le logement est un enjeu fondamental et des actions concrètes sont urgentes. « Aujourd’hui, rappelait récemment Stéphan Corriveau du RQOH, on vit un phénomène d’itinérance de masse au Canada. Cette année encore, 235 000 personnes vont passer au moins une nuit sans avoir d’adresse, sans avoir de logement à eux. C’est quelque chose qui est inédit et qui est incompréhensible dans une société où il y a autant de ressources et de moyens que la nôtre. » Le RQOH se réjouit du regain d’attention pour ce dossier à la Chambre des Communes.
Au cours des débats en Chambre, tant le député Adam Vaughan (secrétaire parlementaire chargé du Logement et des Affaires urbaines) que le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, se sont défendus de rester inactifs dans le dossier, en arguant de projets de logement abordable lancés dans quelques villes à travers le pays.
« Le mouvement du logement communautaire devra faire preuve d’énergie et de finesse pour bien faire entendre sa voix d’ici les élections d’octobre prochain. Il faudra obtenir des candidats des différents partis des engagements clairs et réalistes, mais ambitieux, sur la manière par laquelle ils envisagent résoudre la crise du logement, ce que personne à Ottawa n’a fait de manière satisfaisante pour l’instant » conclut le porte-parole du RQOH.