11 mai 2020

Le logement social au cœur de nos villes et au centre de la « relance »

C’est depuis 2012 qu’un groupe de citoyennes et de citoyens portent un projet de construction d’un OSBL d’habitation de plus d’une quarantaine de logements adaptables pour des personnes à mobilité réduite et leurs proche-aidants dans l’agglomération de Longueuil.

Début mars 2020, la SCHL a donné son appui au projet dans le cadre d’un financement initial et le dossier était encore à l’étude à la SHQ au moment du déclenchement de l’état d’urgence sanitaire 13 mars dernier.

Le 6 mai, Richard Saulnier, le président de Logis des aulniers a envoyé une lettre au premier ministre du Québec et aux ministres responsables, lettre qui a été reproduite dans La Presse + le 11 mai.

Après une convaincante démonstration de l’importance du logement social, l’auteur conclut en ces termes : « Nous espérons donc que la construction de tels “équipements collectifs” sera à nouveau relancée dès l’automne prochain pour qu’on n’oublie pas les moins bien nantis, bien sûr, mais pour que le financement de logements comme ceux de Logis des aulniers fasse partie d’un plan de relance de l’économie. »

Nous reproduisons l’intégralité de la lettre ici :

Québec, Conseil des ministres
Monsieur François Legault, premier ministre
Madame Marguerite Blais, ministre des Aînés et des Proches Aidants
Madame Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation

Si vous résidiez dans la municipalité de Saint-Lambert (Montérégie), vous m’y croiseriez sur la rue Victoria, au marché d’alimentation ou à la pharmacie du coin, tous les jours. Je suis atteint de la sclérose en plaques (SP) la forme qui ne peut être soulagée par des médicaments. Donc, fauteuil roulant à la maison et quadriporteur pour les besoins courants (nourriture, soins personnels, institution financière, etc.).

Cette maladie est plus répandue dans sa forme cyclique (85 %) qui évolue en épisodes de poussées suivies par des périodes de rémission. Mais de nombreux obstacles concourent à freiner leur qualité de vie, notamment l’habitat, le transport et la capacité de maintenir un revenu adéquat. De la canne au déambulateur, du fauteuil roulant aux aides mécaniques, il y a risque que ces personnes ne puissent plus rester dans leur domicile et leur communauté et soient dirigées vers des ressources d’hébergement comme un CHSLD à 20, 30, 40 ou 50 ans !

Le 23 mars dernier, la télévision de Radio-Canada nous en a exposé des exemples forçant notre plus totale indignation, notamment les cas de Wadi Salem, 41 ans, Jonathan Marchand, 43 ans, et François Marcotte, 47 ans.

Au volant de mon quadriporteur rouge, j’ai tout de même le sourire accroché au visage, parce que j’ai le privilège de présider le Conseil d’administration d’un OBNL (Logis des aulniers) dont l’objectif est justement de faciliter l’accès à un logement à ceux et celles qui sont affectés par cette maladie dégénérative ainsi qu’à leurs proches aidants. Car nous considérons que la ressource principale contre la maladie, c’est l’entraide.

Nous souhaitons acquérir un terrain pour y bâtir un immeuble où nous pourrons compter quelque 42 logements avec le soutien des programmes établis par les gouvernements québécois (AccèsLogis), canadien (co-investissement), l’Agglomération de Longueuil et la Ville de Saint-Lambert ainsi qu’une hypothèque qui est heureusement garantie sur 35 ans par Québec.

Permettre de vivre dans le centre-ville d’une municipalité représente un atout essentiel à la qualité de vie en raison de l’importance, pour ces personnes, de l’accès à une diversité de services de proximité. Les services de soins à domicile peuvent y être dispensés sans obliger les préposés(es) du CISSS local à s’éparpiller aux quatre vents, une économie pour l’État.

Ainsi, notre OBNL caresse ce projet, solide sur le plan financier, qui fournit des garanties de réalisation non reliées aux aléas du marché privé dans une municipalité où les valeurs marchandes immobilières sont inaccessibles pour nous.

Le problème c’est que la réalisation de logements communautaires pour ces personnes est frappée, elle aussi, par la pandémie actuelle. Nous espérons donc que la construction de tels « équipements collectifs » sera à nouveau relancée dès l’automne prochain pour qu’on n’oublie pas les moins bien nantis, bien sûr, mais que le financement de logements comme ceux de Logis des aulniers fasse partie d’un plan de relance de l’économie.

Richard Saulnier
Président, Logis des aulniers