Alors que les gouvernements du monde entier comptent sur les gens pour rester chez eux afin d’empêcher la propagation du nouveau coronavirus, ils doivent prendre des mesures urgentes pour empêcher quiconque de devenir sans-abri et garantir l’accès à un logement convenable à ceux qui n’en ont pas, a déclaré une experte de l’ONU.
Un article de ONU-Info
« Le logement est devenu la protection première contre le coronavirus. Le domicile a rarement autant été une question de vie ou de mort », a déclaré Leilani Farha, la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur le droit à un logement convenable.
« Je suis profondément préoccupée par deux groupes de population spécifiques : ceux qui vivent dans des centres d’hébergement d’urgence, les sans-abri et les établissements informels, et ceux qui sont confrontés à une perte d’emploi et à des difficultés économiques qui pourraient entraîner des arriérés d’hypothèques et de loyers et des expulsions ».
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Selon l’experte, environ 1,8 milliard de personnes dans le monde sont sans-abri et dans des logements inadéquats, souvent surpeuplés, sans accès à l’eau et à l’assainissement – ce qui les rend particulièrement vulnérables à la contraction du virus, car ces personnes souffrent souvent de multiples problèmes de santé.
« J’exhorte les États à prendre des mesures extraordinaires pour garantir le droit au logement pour tous et se protéger contre la pandémie », a déclaré Leilani Farha. De bonnes pratiques émergent dans quelques États, notamment des moratoires sur les expulsions dues aux arriérés de loyer et d’hypothèque, des reports de paiements hypothécaires pour les personnes touchées par le virus, l’extension des trêves hivernales sur les expulsions et un accès accru à l’assainissement et aux abris d’urgence pour les sans-abri.
Des nouvelles mesures nécessaires
La Rapporteure spéciale a indiqué que, pour assurer la protection des sans-abri ou des personnes vivant dans des logements inadéquats, les États doivent cesser toutes les expulsions; fournir un logement d’urgence avec des services pour celles qui sont touchées par le virus et doivent être isolées; veiller à ce que l’application de mesures de confinement n’entraîne pas de sanctions à l’encontre de quiconque en raison de son statut de logement; fournir un accès égal aux tests et aux soins de santé; et fournir un logement adéquat qui peut nécessiter la mise en œuvre de mesures extraordinaires, y compris l’utilisation de logements vacants et abandonnés et de locations disponibles.
Le domicile a rarement autant été une question de vie ou de mort – Leilani Farha, Rapporteure spéciale sur le droit à un logement convenable
Pour les personnes confrontées à des pertes d’emplois et à des difficultés économiques, l’experte appelle les États à fournir une aide financière directe ou différer les paiements des loyers et d’hypothèques; promulguer un moratoire sur les expulsions pour arriérés; introduire des mesures de stabilisation ou de réduction des loyers; et, au moins pendant la durée de la pandémie, suspendre les coûts des services publics et les suppléments.
« Des mesures sont mises en place et des ressources importantes sont allouées pour atténuer le ralentissement économique causé par COVID-19, comme la baisse des taux d’intérêt. Il existe un risque que de telles mesures permettent aux acteurs financiers mondiaux d’utiliser la pandémie et les malheurs de beaucoup pour dominer les marchés du logement sans tenir compte des normes des droits de l’homme, comme ils l’ont fait au lendemain de la crise financière de 2008 », a déclaré la Rapporteure spéciale. « Les États doivent empêcher les pratiques prédatrices des investisseurs institutionnels dans le domaine de l’immobilier ».
« En garantissant l’accès à des logements sûrs et à un assainissement adéquat, les États protégeront non seulement la vie de ceux qui sont sans abri ou vivant dans des établissements informels, mais aideront à protéger la population mondiale dans son ensemble en aplatissant la courbe du COVID-19 », a conclu l’experte de l’ONU.
NOTE :
Les experts indépendants, groupes de travail et rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on nomme les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d’experts indépendants du système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance qui s’occupent de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et siègent à titre personnel.