15 juin 2021

Le modèle des grandes résidences pour aînés à but lucratif taillé en pièces

On ne saurait trop recommander la lecture de cette récente étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques – l’IRIS, parue début juin. Intitulée « Les résidences privées pour aîné·e·s au Québec : portrait d’une industrie milliardaire », l’étude remet en cause le modèle qui s’est imposé dans les dernières années pour l’hébergement des personnes aînées, de plus en plus concentré entre les mains de quelques « grandes chaînes de RPA de plus en plus financiarisées ».

Ces dernières – Chartwell, Groupe Sélection, Groupe Maurice et Cogir – ont connu une croissance fulgurante au cours des dernières années et occupent désormais une très grande part de marché. L’étude décortique leur modèle d’affaires, basé sur « des partenariats étroits avec de grandes multinationales financiarisées ». Ses auteur·es se désolent de ce qu’en dépit des problèmes et des risques associés à ce modèle, ces RPA sont lourdement financées par les fonds publics, en particulier via le crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés. Selon leurs estimations, les RPA ont obtenu près de 5 milliards de dollars par le biais de ce programme depuis 2007. Seulement pour l’année en cours, elles devraient recevoir plus de 530 millions $, ce qui équivaut au tiers du budget total que le MSSS consacre au soutien à domicile.

Il eût été souhaitable qu’il soit plus explicite sur ce qui distingue le modèle des grandes RPA financiarisées des modèles alternatifs que sont les petites résidences et les RPA sans but lucratif, car sur les quelque 1700 résidences certifiées au Québec, 235 sont à but non lucratif, dont 209 en OSBL (les autres sont des coops ou propriété d’offices d’habitation). Les habitations communautaires pour aînés constituent à n’en pas douter l’une des expériences les plus populaires parmi celles ayant été réalisées au fil des ans par le secteur du logement sans but lucratif. Des dizaines de milliers de personnes âgées ont pu bénéficier et continuent encore à ce jour à bénéficier d’un logement abordable, sécuritaire et adapté à leurs besoins, où l’on respecte leur droit à l’autonomie.

Le document de l’IRIS soulève cependant un enjeu absolument fondamental et s’avère une contribution précieuse au nécessaire débat que la société québécoise est due pour mener sur le logement et l’hébergement des aînés et leur interaction avec le soutien à domicile offert par le réseau de la santé.

Téléchargez le document : https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/Hebergement_WEB.pdf.