6 avril 2022
Samedi 02 avril 2022 était un jour de mobilisation pour le droit au logement. De nombreuses personnes ont participé à la manifestation de rue organisée par le FRAPRU afin de demander des financements pour la construction de logements sociaux et exiger du gouvernement du Québec des actions concrètes pour s’attaquer à la crise du logement qui affecte des centaines de milliers de Québécois(e)s.
L’inaction du gouvernement en la matière fait largement souffrir les acteurs des OSBL et des fédérations régionales du logement communautaire.
Il n’est plus temps que les médias s’interrogent ou interrogent le gouvernement et les député(e)s pour savoir si il y a une crise du logement car : IL Y A UNE CRISE DU LOGEMENT !
Il n’est plus temps de se demander si il y a une crise du logement abordable au Québec car : LA CRISE DU LOGEMENT ABORDABLE AU QUÉBEC EST GRAVE !
Celle-ci ne se résorbera pas avec des mesures d’ajustement et le saupoudrage de quelques millions de dollars par si par là, éparpillés sur des restes de programme AccèsLogis ou un embryon de PHAQ déjà très décrié, à juste titre, du fait qu’il offre au secteur privé de futurs non résultats que l’on entrevoit déjà et des financements qui devraient revenir uniquement à un programme de logements sociaux et communautaires tel que de nombreux organismes le réclament.
Des solutions existent, prêtes à être mises en œuvre. Elles sont régulièrement mises en avant par des experts, les OSBL d’habitation et leurs fédérations ainsi que les associations. C’est bien la volonté politique qui manque…
Même la Fédération des étudiantes et étudiants en droit du Québec organisait samedi après-midi un panel sur la crise du logement. Dans la rue, à l’université et dans toutes les régions du Québec, la crise du logement est un enjeu majeur qui préoccupe énormément nos concitoyens.
Comme le raconte fort bien Radio Canada dans un article remarquable, la crise du logement s’aggrave au Canada. Au Québec, elle devient dramatique !
Malgré les dizaines de milliards investis par le gouvernement Trudeau depuis 2017, malgré les annonces du gouvernement fédéral et celui de Québec pour la construction de nouveaux logements, la crise s’aggrave et ce n’est même pas nous qui le disons (pas seulement).
« La construction de logements dits abordables ne suit pas tout ce qu’on perd. » dit avec force Louis Gaudreau, professeur à l’École de travail social, Université du Québec à Montréal.
Steve Pomeroy, professeur à l’École de politiques publiques et d’administration de l’Université Carleton va encore plus loin « Nous perdons toujours des unités beaucoup plus rapidement que nous n’en créons de nouvelles ».
Selon la défenseure fédérale du logement Marie-Josée Houle, « la situation s’est tellement aggravée qu’aujourd’hui personne ne peut nier qu’il y a une crise du logement
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Le gouvernement de François Legault, lui, semble encore en douter et minimise la situation tant les déclarations publiques ne sont pas à la mesure du problème, ni les solutions envisagées.
Et il n’y a pas que le Québec qui soit concerné malheureusement. Les situations, avec quelques nuances, sont similaires partout au Canada mais au Québec, on atteindra bientôt les sommets de l’insupportable que connaissent actuellement d’autres provinces.
La déclaration de Matthew Hayes, professeur de sociologie à Université du Nouveau-Brunswick et porte-parole de la Coalition du Nouveau-Brunswick pour les droits des locataires, croit que la crise s’accélère. Sa déclaration peut parfaitement correspondre aussi au Québec :
« On a des personnes qui habitent à long terme dans des motels, on a des personnes qui habitent dans des autos, on a un nombre croissant d’individus qui ne trouvent plus de logement et qui sont sans abri ».
« Dorénavant, les plus grands propriétaires d’immeubles à logements au Canada sont des fonds de pension, des fonds d’investissement privés, des fiducies de placements immobiliers. »
Des promoteurs immobiliers engrangent des profits faramineux dans le secteur du logement, non seulement avec l’aval des gouvernements, mais avec leur soutien. C’est aussi ce qui se profile avec encore plus de gravité au Québec du fait du programme PHAQ.
La Défenseure nationale du logement estime d’ailleurs que la crise du logement est directement liée aux politiques néo-libérales qui existent au Canada depuis les 30 à 35 dernières années
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Un des problèmes évoqué, de taille, c’est que seulement 3 % des logements financés par le programme « certains logements, qualifiés pourtant de logements abordables, se louent à 2800 $ par mois. »
IFCLL répondent aux besoins des ménages à faible revenu. La raison est simple : le professeur Steve Pomeroy souligne que :Selon la Défenseure nationale du logement, il faudrait
avoir une définition qui est en fonction du revenu des gens, parce que, qu’est-ce qu’on a vu à Ottawa, la définition de l’abordabilité est basée sur la moyenne des salaires, des revenus de tout le monde, qui inclut ceux qui ont des hypothèques, alors c’est complètement inadéquat.Un rapport préparé pour le Groupe de travail du Conseil national du logement, en février 2022, indique que l’ensemble des programmes dans la Stratégie nationale sur le logement ne répond aux besoins que de 4,8 % des ménages qui ont des besoins impérieux de logement.
Les besoins en logement, en logements abordables, sont criants, non seulement dans les milieux urbains, mais aussi dans les milieux ruraux. Par contre, les mesures concrètes pour répondre aux besoins se font encore attendre. le gouvernement du Québec, lui, n’a pas conscience du problème et considère encore que les soucis sont concentrés dans quatre ou cinq grandes villes au Québec !
La Défenseure nationale du logement, Marie-Josée Houle, prépare un rapport sur la crise qui devrait sortir cet automne, en pleine période électorale québécoise. Peut-être que cette perspective saura raviver la flamme sociale du gouvernement et lui fera revoir ses priorités pour envisager un programme exceptionnel de résorption de la crise ? A défaut de rêver, on peut toujours espérer.
Pour conclure, et comme le souligne fort justement Michel Corriveau dans son article, « la construction de logements sociaux qui répondent aux besoins passe, entre autres, par l’établissement d’un rapport de force où il s’agit de forcer les gouvernements à faire pencher la balance du côté des locataires, plutôt que du côté des investisseurs. »