17 mai 2021
Le Regroupement des offices d’habitation du Québec (ROHQ) a tenu son 48e congrès, jeudi et vendredi derniers. L’événement a évidemment eu lieu en mode virtuel en présence de nombreux invités, dont la directrice générale du RQOH, Chantal Desfossés. La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, y a prononcé une allocution. La ministre a notamment annoncé l’intention de son gouvernement de « revoir rapidement les PRBI [Plafonds de revenus déterminant les besoins impérieux] pour faciliter l’accès aux HLM vacants ». Les PRBI sont les seuils en-deçà desquels un ménage est admissible à un logement à loyer modique (HLM ou PSL). Le besoin de les réviser a entre autres été porté à l’attention de madame Guylaine Marcoux en septembre dernier par le RQOH, alors qu’elle occupait encore le poste de PDG de la SHQ. Quelques semaines plus tard, dans son mémoire sur le projet de loi 67, le RQOH a également recommandé que les PRBI soient révisés «pour s’assurer que toutes les personnes dans le besoin soient admissibles à un logement à loyer modique». Espérons que les travaux se concluront rapidement par des ajustements plus que nécessaires.
Parmi les conférencières et conférenciers ayant pris la parole, la journaliste Emmanuelle Latraverse a posé un regard franc et lucide entourant la place qu’occupe l’habitation communautaire et sociale sur l’échiquier public et politique.
L’habitation communautaire et sociale était pour elle, jusqu’à ce que la crise sanitaire éclate, un enjeu « de la gauche qui ne concerne que les pauvres ». L’invitation à prendre la parole au congrès du ROHQ a nécessité pour Mme Latraverse qu’elle se penche sérieusement sur la question. Elle a avoué que cet enjeu passait sous le radar et que ce n’était pas, de surcroit, un sujet journalistique très attrayant. Pourquoi ? Parce que ça ne concernait que les personnes marginalisées. Parce que le prix du logement est moins élevé au Québec eu égard à la moyenne canadienne – « on ne peut donc pas se plaindre ». Parce qu’il s’agit d’un problème spécifique aux grandes villes – il n’y a qu’à s’éloigner de celles-ci. Parce que la classe moyenne ne se sentait pas concernée et n’était pas aux prises avec un problème de logement.
Force est de constater que la crise sanitaire a mis à l’avant-plan les droits fondamentaux et les besoins viscéraux des citoyens. Le logement doit se trouver au centre des débats et non en périphérie. La réalité a changé. Une fracture sociale est survenue. La classe moyenne est maintenant concernée. Il est maintenant plus difficile pour la classe moyenne de regarder de haut les gens vivant en HLM. Aujourd’hui, le logement social a trouvé sa place dans le débat – Mme Latraverse a rappelé la mise en boîte habile de Manon Massé avec sa question au premier ministre à savoir combien coûte un logement à Montréal… Aujourd’hui, se loger dignement, c’est une question de réussite scolaire, de sécurité. La population est sensibilisée. Le tremblement de terre social causé par la pandémie a généré de l’insécurité qui doit servir de mise en garde. La COVID a mis en lumière que les inégalités sociales ont un prix et que personne n’est à l’abri. Le Canada peut faire mieux et les programmes doivent être repensés pour favoriser le développement et la pérennité du logement social. Elle qualifie de complexe et kafkaïen les programmes de financement de notre secteur. Un sujet qui peut donc faire peur à des journalistes car c’est difficile de s’y retrouver ! Notre secteur a un nouveau pouvoir et nous devons faire la preuve de son potentiel économique. Une réflexion intéressante et stimulante au congrès du ROHQ !