Pendant 25 ans, le gouvernement fédéral a prétendu que sa responsabilité en matière d’habitation se limitait au soutien des personnes suffisamment riches pour devenir propriétaires. Si vous étiez en situation de vulnérabilité parce que pauvre, atteint par la maladie, ciblé par la violence, objet de discrimination ou simplement frappé par la malchance, vous n’existiez pas aux yeux d’Ottawa. Cet aveuglement volontaire a fait en sorte que le nombre de personnes et de familles qui vivent dans des taudis, qui font d’immenses sacrifices pour payer le loyer ou qui sont carrément sans abri a explosé pour atteindre près de 1 800 000 selon le recensement de 2016.
Or, Ottawa a finalement reconnu sa responsabilité dans sa Stratégie nationale sur le logement annoncée en novembre. Ce changement d’attitude est salutaire, même si les modalités de mise en œuvre restent à finaliser et, surtout, que les moyens annoncés sont clairement insuffisants pour atteindre l’objectif annoncé : garantir le droit à un logement adéquat à un prix abordable à toute la population. Les pages 5 et 6 de ce bulletin donnent un survol de la stratégie et des avantages que les OSBL d’habitation peuvent en tirer.
Remercions le gouvernement québécois d’avoir partiellement assuré la relève en faveur du logement communautaire depuis le retrait d’Ottawa en 1994. C’est cette action qui fait en sorte qu’aujourd’hui, la situation s’est détériorée ici de manière moins spectaculaire qu’ailleurs au Canada. N’empêche, tout n’est pas rose pour autant au Québec! D’une part, on en finit plus d’attendre la révision d’AccèsLogis, le principal programme en matière de logement communautaire québécois, les premières consultations ayant eu lieu il y a maintenant cinq ans. Pourtant, après vingt ans, on voit bien les faiblesses de celui-ci, par exemple au niveau des mécanismes de pérennité et des budgets de réalisation des nouveaux projets.
Le retour d’Ottawa dans le financement du logement communautaire est une bonne nouvelle. Pour en profiter pleinement, les deux gouvernements doivent s’entendre, et ils doivent le faire rapidement. Dans neuf mois, les élections québécoises seront derrière nous, et dans moins de deux ans, ce sera au tour d’Ottawa. Nous avons besoin d’une entente avant que les cirques électoraux s’enclenchent et immobilisent les mécanismes en place, ou pire encore, modifient les orientations actuelles.
Ces changements aux deux niveaux créent une opportunité en or pour consolider et favoriser le développement des outils d’entraide, de formation et de recherche que les OSBL-H ont développés au fils des ans. Les fédérations régionales d’OSBL et le RQOH ont déposé, à Québec comme à Ottawa, de nombreuses propositions qui, si elles étaient acceptées, multiplieraient l’effet des investissements gouvernementaux. Espérons que les gouvernements aient la clairvoyance nécessaire pour répondre positivement à nos propositions.