1 décembre 2012

Le soutien communautaire : comment et jusqu’où aller ?

Par Claudine Laurin Directrice générale Fédération des OSBL d’habitation de Montréal

Lors du Colloque « Parce que l’avenir nous habite : Le changement à nos portes », la FOHM a tenu un atelier qui avait pour principal objectif de mieux cerner jusqu’où peut aller la pratique de soutien communautaire. Il faut d’abord voir dans le logement une distinction notable entre le logement permanent et le logement transitoire au niveau de la mission de l’organisme. Le logement permanent étant une fin en soi et non une stratégie d’intervention, on réfère davantage à un règlement d’immeuble qu’à un code de vie ou à une démarche d’insertion.

Or, comme Maître Georges Lebel l’affirmait lors de la formation que nous offrions en février 2010 : « Nous n’avons pas le droit de faire plus que ce que notre mission nous permet. En résumé, quand, pour des raisons humanitaires, le groupe accepte de faire des choses, il faut en assumer les responsabilités. C’est-à-dire le risque de poursuites pour des services pas, ou mal, rendus. »

Notre vision vient alors fixer une limite à la pratique de soutien communautaire. Si nous offrons des services d’aide à la médicamentation, à l’hygiène ou encore un service alimentaire (7 jours/semaine), il ne s’agit pas d’une pratique de soutien communautaire, mais bien d’un service. Nous devons, dans un premier temps, faire la distinction entre un service, la prise en charge et le soutien communautaire.

Le soutien communautaire s’adresse à l’ensemble de l’immeuble. Il est de nature plus collective qu’individuelle et s’adresse au logement permanent. Sa pratique est davantage axée sur toute la notion du logement plutôt que sur la notion d’handicap de la personne.

De plus, le regard que l’on porte sur la personne constitue un enjeu important au niveau de la pratique du soutien communautaire. Maître George Lebel avance que, depuis l’instauration de l’aide juridique, le rapport est défini en termes de droits et de défense de droits.

Cependant, au Nouveau-Brunswick, on ne gère pas les droits avec des avocats, mais avec des travailleurs sociaux. Cette façon de faire modifie grandement le regard que l’on porte sur l’autre car, puisque notre regard est teinté par les incapacités de la personne, nous la situons déjà dans un univers prédéfini.

On se retrouve alors à parler des gens comme de problèmes sociaux et non comme des personnes. Risquons-nous d’aller jusque-là?

Article paru dans le bulletin Le Réseau no 42