> Ni tombé du ciel, ni livré par le Père Noël
Ce cadeau qui ne devrait pas en être un a tout de même quelque chose de magique, comme l’exprime Robert Parent, président de l’organisme Les Apprentis : « La sélection des premiers locataires est la concrétisation de la vision du conseil d’administration d’avoir, en Outaouais, des logements dédiés pour les personnes vivant avec une DI ».
Fondé en 1977, l’organisme Les Apprentis a toujours eu pour mission le développement et l’inclusion des personnes ayant une DI.
Au fil des ans, par l’entremise d’activités et de services, l’organisme s’est enraciné et la communauté, enrichie. Toutefois, dans les années 2010, l’organisme a remarqué que le manque de ressources résidentielles avait plusieurs conséquences néfastes : les personnes ayant une DI et qui sont trop autonomes pour habiter dans une ressource intermédiaire ou une famille d’accueil, se voient déplacées dans des ressources éloignées de leurs proches, des services de transport et des services sociaux et de santé.
> La solution :
développer un projet immobilier pour faire d’une pierre deux coups, soit offrir des logements adaptés, mais aussi aérer et soulager le continuum du logement pour cette population. S’entame dès lors la marche du groupe : planification stratégique, rencontres et visites de projets existants, sollicitation du CISSS et de la municipalité, campagnes de levées de fonds, développement d’un plan d’affaires, etc. Cinq années passeront avant que le projet ne débouche : une durée trop longue, quoique courte pour ce type de projet.
Bien que le projet soit en quelque sorte « arrivé au début », le directeur général de l’organisme, Aurèle Desjardins, pose un regard sobre sur les conditions de réalisation du projet. D’entrée de jeu, il nous indique : « il n’y a pas de subventions publiques disponibles pour développer des outils de crédibilisation des projets comme un plan d’affaires ». Puisque les groupes communautaires sont soumis aux mêmes restrictions que les promoteurs à but lucratif sans pourtant avoir leurs ressources, le départ se fait dans la boue.
De plus, plusieurs retards ont porté atteinte à la viabilité du montage financier, alors que ces retards sont dû exclusivement à des problèmes de communication entre différents acteurs publics derrière le projet. Un exemple concret : la municipalité, sur la base d’une directive ministérielle, a erronément conclu qu’elle devait retirer une autorisation déjà octroyée au projet. Sans contrôle réel sur ces communications et ce problème, l’organisme s’est vu obligé de cogner à de nombreuses portes – et mettre son poing sur plusieurs tables –, pour que l’impasse se résorbe après plusieurs mois de frustration et d’anxiété. Fort de son expérience de 10 ans à titre de conseiller municipal, Aurèle relève que ces difficultés peuvent être insurmontables pour les groupes de parents néophytes en affaires municipales et en administration publique.
Enfin, malgré le fait que les logements sortent de terre et que les futurs locataires se préparent, le financement des services demeure une question en suspens. Le CISSS de la région, malgré son engouement pour le projet, doit composer avec le ministère de la Santé et Services sociaux, qui n’a aucune enveloppe dédiée à ce financement ni de cadre d’évaluation des besoins en question.