Par Claudine Laurin, directrice générale par intérim. Réseau québécois des OSBL d’habitation
Une vraie démocratie ne peut s’exercer sans la contribution égalitaire des femmes et des hommes dans toutes les sphères de la vie politique, sociale, économique et culturelle. Cette contribution va au-delà de l’égalité numérique :
« Elle implique la participation des femmes à la prise de décision, au partage du pouvoir et à l’imputabilité. »
Il est de notoriété publique que le milieu de la construction est davantage un milieu d’hommes que de femmes. Or, je crois que le milieu de l’habitation communautaire a permis à de nombreuses femmes de modifier le paysage, tant par le développement, que par la gestion des OSBL d’habitation. Nous retrouvons dans le giron de la famille du logement social et communautaire, de plus en plus de femmes, que ce soit à la direction, comme agente de projet dans les groupes de ressources techniques ou comme directrice d’OSBL. Nous retrouvons également plus de femmes impliquées dans les milieux du développement des quartiers ou encore des municipalités.
Il faut dire que les différentes lois ou stratégies d’intervention visant la parité homme-femme dans l’ensemble des milieux ont largement contribué à la venue des femmes dans notre milieu. Pour illustrer ce propos, nous n’avons qu’à nous référer à la proportion des hommes versus celle des femmes siégeant au conseil d’administration de la Sociéte d’habitation du Québec (SHQ). En 1997, ce dernier était composé de huit membres exclusivement masculins, auquel se joignait également le directeur général qui était, lui aussi, un homme. Aujourd’hui, en 2013, la composition du conseil d’administration de la Société est de neuf membres, incluant le président-directeur général, et l’on y retrouve quatre femmes et cinq hommes. Cela aura pris plus de quinze ans pour arriver à cette parité. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), quant à elle, a un conseil d’administration de dix membres, dont le président de la Société et nous retrouvons au sein de ce conseil seulement quatre femmes. Il reste encore du chemin à parcourir, mais il semble que nous sommes sur une bonne lancée.
La présence de femmes au sein des différentes instances de développement et de direction d’organismes n’est sûrement pas étrangère à la reconnaissance des particularités du besoin des femmes en matière de logement et de leur invisibilité au niveau de l’itinérance. En effet, nous retrouvons, de plus en plus, de rapports qui font ressortir les besoins spécifiques pour les femmes immigrantes; le lien entre femmes monoparentales, logement et pauvreté; et j’en passe!
Fait intéressant : nous avons réussi à dépasser les fonctions typiques du « prendre soin » et de « l’utilisatrice de services ». Nous réussissons, de plus en plus, à marquer le développement et les grandes orientations, nous devenons non seulement plus visibles, mais également plus actives dans la prise de décisions et dans l’exercice du pouvoir en matière d’habitation sociale et communautaire.