Entretien avec Mme Martine Provost, directrice générale de la Résidence Vallée de la Rouge.
Voici un lieu qui respire. Au cœur d’un village des vallons laurentiens où évolue une résidence à la fois unique et inspirante. La Résidence Vallée de la Rouge est une fenêtre sur la force du genre humain et le témoignage en est frappant.
En entrant dans la résidence, on sent battre le cœur de tout une communauté. Le village vit dans la résidence et celle-ci vit dans le village.
Il y a un fourmillement constant de personnes et d’activités. Les résidents reçoivent les visites de leurs proches de façon continue.
En discutant avec Mme Provost, on comprend rapidement la valeur que les gens de la communauté accordent à leur organisme. Elle a su également se sentir chez elle en prenant le relais de la gestion il y a un peu plus d’un an. Déjà impliquée sur le conseil d’administration lorsque le changement de garde s’est présenté, elle n’a eu qu’un pas à faire.
L’organisme, autrefois nommé l’Entraide d’Huberdeau, abritait quelques logements seulement. C’est grâce à une volonté commune de quelques personnes à développer leur milieu de vie que le projet a muri. Ce qui était modeste est devenu rassembleur et la résidence de 26 logements a pu voir le jour en 2014.
Mme Provost, qui parle avec passion de son milieu, estime qu’elle n’est elle-même qu’une roue d’engrenage dans le carrousel du quotidien. En effets, la jeune retraitée a passé sa vie professionnelle à œuvrer en tant que gestionnaire pour Hydro-Québec. Elle croit pouvoir contribuer à sa façon auprès de son monde.
Bien que le terrain ne fût pas inconnu, les défis se sont tout de même succédé à son arrivée. Les finances de l’organisme ont pu bénéficier de son expérience pour assurer une pérennité. Elle avait aussi comme but de faire profiter de son expertise et établir une prévisibilité pour l’avenir.
Évidemment, personne ne sera surpris de lire que l’épisode de Covid-19 a fait mal. Avec, de mois en mois, plusieurs imprévus qui ont fait gonfler la facture d’un poste budgétaire soudainement apparu : l’obligation d’engager du personnel supplémentaire pour les périodes sensibles ; le recours aux coûteuses agences de placement ; le taux de vacance qui a grimpé momentanément privant l’organisme de précieux revenus et finalement, le fait que les subventions ont été accordées sous forme de prêts.
Les gens qui vivent ici, leurs proches et leurs familles ne sont pas inquiets. Ils tiennent à leur milieu et ont l’esprit créatif. Ils comptent les uns sur les autres et agissent selon leurs moyens. Le mot capitulation ne fait pas partie du vocabulaire de l’espace de vie. Les activités n’ont cessé uniquement que lors des confinements. Les bénévoles n’ont jamais quitté le navire. Ils sont de retour et ils sont nombreux. Parmi les activités proposées, on trouve du jardinage, des séances de jeux de toutes sortes, des causeries, des fêtes, un concert, de l’animation de groupe, etc.
À ce titre, même si ce coup de pouce témoigne d’un élan de générosité offert dans le feu de la spontanéité, le but est avant tout de pouvoir continuer à jouer et à profiter des activités en groupe.
« On n’a pas eu à quémander, mais on a dû se débattre sur tous les fronts. »
Tout juste au début du mois de septembre, le Club de hockey d’Huberdeau (le groupe des vétérans) est venu remettre un don de 5 700 $, en présence de membres du conseil d’administration et des résidents. Ici ce qui lie les gens est palpable.
Aujourd’hui, à l’aube de l’automne 2023, Mme Provost est réaliste mais optimiste. Ce qui reste de défis financiers devrait se résorber dans les prochains mois. Les activités ont depuis longtemps repris leur place au calendrier. Le recours aux agences de placement est terminé. Les employés permanents sont embauchés. Les équipes sont complètes.
La Résidence Vallée de la Rouge est un endroit riche de ses humains et n’est peut-être qu’une résidence parmi d’autres, mais il s’agit là de la meilleure raison que nous avons de lui rendre hommage. Les résidences en milieu rural et en petites communautés sont au cœur de nos régions et permettent à leur façon de faire rayonner ce qu’il y a de plus beau dans nos paysages. Dans cet organisme on ne peut que constater à quel point les contacts humains ont été et seront toujours un service essentiel.
« Les gens qui sont près de leur racines trouvent toujours les rayons. »